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Petites calomnies entre amis
Petites calomnies entre amis
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10 mars 2014

Ce n'est pas un mythe : les médecins sont

Ce n'est pas un mythe : les médecins sont toujours en retard (un autre mythe sur les médecins qui n'en est pas un : mes médecins ont tous une écriture illisible -sans blague, je ne connais pas un seul médecin qui sache écrire, et je connais beaucoup de médecins, genre toute ma famille).

Parce qu'ils s'entêtent à prévoir des consultations de vingt minutes alors qu'ils savent très que Mme Michu va s'étendre pendant quarante minutes sur ses douleurs de hanche et de nuque et de dos et de fesses et de tête (alouette) ou que Mme Duchmol va se ramener avec une liste de longue comme le bras de symptômes, diagnostics et traitements trouvés sur la doctisphère et qu'il va ensuite falloir la convaincre pendant trois quarts d'heure qu'elle n'a pas un cancer de la rate doublé d'une atrophie du pancréas. Moi, je suis la patiente idéale : je suis celle qui leur permet de rattraper leur retard. Je n'ai pas préparé pendant une semaine ma visite chez le médecin, je ne me suis pas documentée, je n'ai pas spécialement de questions à poser et je ne suis pas très douée pour improviser longuement sur le thème "Qu'est-ce que ça va mal, Docteur." Je suis donc la candidate rêvée à l'expédition du rendez-vous en cinq minutes.

Autant quand je vais chez le médecin pour une gastro ou une infection urinaire (rarement, donc : je n'ai pas eu de gastro depuis mon enfance et une seule infection urinaire nécessitant une consultation dans ma vie entière), je sais que c'est le jeu : pour ce genre de choses, le diagnostic est vite posé et le traitement est le même pour tout le monde, je comprends qu'on n'y passe pas vingt minutes (quoique je trouve tout de même surprenant que notre médecin traitant, qui est censé bien nous connaître, ne s'assure pas au passage qu'on a bien guéri de la grippe du mois dernier ou ne prenne pas des nouvelles de nos maux de tête chroniques). Autant quand je vais chez un psychiatre pour des angoisses péri-natales ou chez un gynécologue dans le cadre d'une grossesse, je trouve ça un peu abusé. Et pourtant gastro, troubles mentaux ou grossesse, même combat.

Je le sais bien, tout ça. Alors pourquoi est-ce que je stresse autant d'arriver en retard et pourquoi je m'imagine toujours que ces rendez-vous vont m'apporter quelque chose ?

Lundi 3, j'avais rendez-vous avec la psy. Je crois que je ne vous en ai même pas parlé. Parce que je ne saurais pas quoi en dire, honnêtement. Pour la première fois (sur trois), je ne me suis pas perdue en route et je suis arrivée à l'heure. Les deux fois précédentes, je m'étais tellement paumée pendant tellement longtemps que j'avais été à deux doigts de fondre en larmes. Pour au final arriver avec dix minutes de retard mais ne passer qu'une demi-heure plus tard. Cette fois-ci, j'avais dix minutes d'avance, et même si je me doutais que cela ne ferait qu'augmenter mon temps d'attente, j'étais beaucoup plus zen. Et puis dans la salle d'attente, y'a des magazines de puériculture (contrairement à l'hôpital où ce ne sont que de vieux tabloïds) donc je lis ça en attendant. Mais la séance en elle-même... Pour vous dire, ce que j'ai appris de plus intéressant, c'était quelle pouvait m'organiser une visite de la maternité et que normalement je devrais avoir plus de prépa (mais bon, comme mes séances de prépa sont très longues, c'est peut-être pour ça que j'en ai moins). Rien à voir avec ma santé mentale, donc. C'est pour ça que j'ai été étonnée de l'entendre conclure l'entretien par : "Bon, vu votre état, faut que je vous revoie dans 15 jours" et non par : "Bon ben ça va très bien, en fait, bon vent du coup !" C'est vrai que j'ai été assez peu bavarde, c'est vrai que j'ai répondu à toutes ses questions par "Ca dépend" ("Vous dormez bien la nuit ?" "Ca dépend." "Globalement, vous diriez que ça va mieux ?" "Ca dépend." "Vous parvenez à vous projeter dans la maternité ?" "Ca dépend."). Mais c'était vrai. C'était vrai que ça dépendait. Moi je suis paumée, dans la vie, c'est à elle d'essayer de me dépaumer. Bref, je n'étais vraiment pas très contente en sortant du bureau au bout de dix minutes, j'avais l'impression d'en être exactement au même stade.

Alors ça va, c'est pas un stade horrible. Mes trois derniers mois sont honnêtement les plus cools (dans le sens de "calmes", pas dans le sens de "c'est la fête" non plus) de toute ma grossesse. En grossissant enfin (volume et poids), en sentant mon enfant bouger souvent et fort, en sachant que la prématurité n'est plus dangereuse, en apercevant le bout du tunnel... je suis forcément moins angoissée. Je le suis quand même, hein. Je sais que certaines grossesses se déroulent à merveille et que l'enfant est tout de même mort-né. Je sais que jusqu'au bout, il peut y avoir un problème grave. Hier encore, je me suis mise à pleurer parce que je m'étais sentie mal (nausées, bouffées de chaleur, étourdissement) à la suite d'un grand mouvement de ventre instinctif censé prévenir la chute de tupperwares du placard (évidemment les tupperwares sont quand même tombés et, moi, je me suis juste fait mal au ventre) (en vrai, je ne suis pas sûre que mon malaise soit lié à ce mouvement de ventre, c'était peut-être juste à cause de la chaleur et de la bouffe) et que je ne la sentais plus bouger (en fait, si, je la sentais bouger, mais pas beaucoup, et moi j'avais besoin qu'elle bouge beaucoup pour me rassurer complètement).

Oui, c'est débile de pleurer pour ça. C'est juste que je me demandais : Et si elle meurt ? Qu'est-ce que moi je deviendrai si elle meurt ? Je sais que si ce bébé-là meurt, je n'aurai pas la force d'en faire un autre, de revivre ces neuf mois d'angoisse, tout en ayant le souvenir de ma première grossesse. Et sans enfant, je ne peux même pas imaginer ce que serait ma vie. Cela me terrifie, de perdre à la fois ce bébé que j'aime déjà tellement et toute raison de vivre. Mais j'accepte mieux cette angoisse qu'avant, j'arrive à vivre avec. Principalement parce que j'ai un bébé super chiantos qui me rappelle quasi en permanence sa présence en hoquetant durant de longues minutes, en me chatouillant le bassin avec ses petites mains ou en logeant ses petites fesses pointues dans mes côtes. N'empêche que j'aimerais qu'elle sorte vite ! Pas parce que ces sensations sont désagréables (elles le sont parfois -désolée de casser le mythe, mais un bébé de 7 mois, ça tient plus du rhinocéros que du petit papillon-, mais rien d'insupportable), mais parce que j'aimerais ne plus vivre dans la crainte que cela s'arrête du jour au lendemain.

J'ai vu récemment une émission en replay intitulée "Je déteste être enceinte". Tout ne faisait pas écho à ce que je peux ressentir, mais certaines choses quand même. Etre malade et avoir du mal à le supporter, trouver ces neuf mois interminables et désirer accoucher au plus vite, sentir qu'on est seule responsable de cette petite vie et craindre de la perdre, culpabiliser de ne pas apprécier cet état et avoir peur que le bébé en souffre, être deux, se voir changer et ne plus savoir qui on est vraiment... Et ce que j'ai trouvé rassurant, c'était que les personnes qui témoignaient s'en sont sorties, et leurs enfants aussi, qu'elles les ont élevés et aimés comme n'importe quel parent, que tout va bien. Je crois que la vidéo n'est plus disponible sur le site où je l'ai vue, mais vous pouvez trouver ici le témoignage d'une des femmes qui y participaient.

Pour en revenir aux médecins en retard et aux rendez-vous bâclés, j'en ai aussi eu deux magnifiques exemples ce lundi 10.

Bon, pour le coup, j'étais moi-même en retard. Mais quelle idée aussi de me proposer un rendez-vous avec la gynéco à 9h40. Moi à 9h40, je dors. Dans le meilleur des cas, je traîne au lit en attendant 10h, seuil psychologique pour pouvoir me lever. Et puis le matin, je prends mon temps. Je me coupe gentiment ma petite pomme, que je mange tranche par tranche, je sirote mon thé, je prends des nouvelles d'internet, je passe de longues minutes sous la douche et me pose un moment dans la baignoire histoire de vivre un moment de communion avec mon foetus. C'est ça, ma vie (détestez-moi). Pas me presser pour arriver à l'hôpital aux aurores. Bref, je suis arrivée avec dix minutes de retard et j'ai dû attendre dix nouvelles minutes de passer au secrétariat. Quand je suis entrée dans la salle d'attente du service, il était déjà 10h. Et même si je savais que, selon toute probabilité, mon tour n'était pas encore passé, ben j'étais quand même pas rassurée. Je l'étais d'autant moins que j'avais ensuite rendez-vous avec l'anesthésiste à 10h30.

A 10h15, j'ai été appelée. J'ai fait un tour sur la balance, ai annoncé 56 kg, ai entendu la gynéco s'étouffer parce que j'avais pris six kilos en un mois (permettez-moi cependant d'en douter : le mois dernier, je pesais un kilo de plus le lendemain chez la sage femme, et ce mois-ci, en rentrant chez moi, j'avais maigri de deux kilos... ce qui ferait une prise de poids de trois kilos, en réalité... ça reste conséquent, mais je pars de quasi rien et ça fait tout juste un mois que j'ai arrêté de vomir -ouiiii !), me suis déshabillée, ai été informée que ma tension était normale, que mon col était pas mal et la tête de mon bébé toujours très basse, ai récupéré une ordonnance de pilules roses anti-contractions et une pour mes analyses mensuelles, puis elle m'a mise dehors en me disant : "Et continuez à bien manger de la viande et du poisson !"

Non, j'exagère un poil. J'ai quand même réussi à lui demander s'il y avait moyen de récupérer une liste pour la valise de maternité, et elle m'a bien expliqué, patiemment et tout, qu'il n'y en avait pas, mais que tout ce que j'avais à prendre, c'étaient des vêtements pour le bébé, que le reste était fourni (ouaip ouaip, je vais quand même prendre aussi quelques affaires de toilette, ça me paraît un peu optimiste de me reposer entièrement sur la maternité). Et puis surtout elle m'a fait reprendre rendez-vous pour une échographie, parce qu'elle trouvait notre bébé et mon ventre trop petits (après m'avoir dit que je devais faire gaffe à mon poids et arrêter le gras et le sucre) et qu'elle voulait qu'on contrôle sa croissance (ça ne me surprend pas outre mesure, je savais bien que notre crevette était une crevette et que ça finirait bien par inquiéter quelqu'un). Donc je retourne à la maternité lundi. Cette fois, je ne me suis pas faite avoir, j'ai pris l'heure de rendez-vous la plus tardive possible (non parce qu'habituellement, je culpabilise d'être une feignasse et du coup, je prends l'heure la plus tôt... et du coup je stresse, je dors pas bien la nuit, je me lève crevée, j'arrive en retard et je suis énervée).

N'empêche qu'à la sortie, il était à peine 10h25 et que j'ai pu me payer le luxe de ne pas courir pour rejoindre la salle d'attente de l'anesthésiste. Qui de toute façon ne m'a pas prise avant 11h. Pour cinq/dix minutes également. J'avais préalablement rempli une fiche de renseignements tordue ("Faites-vous des bleus facilement après un choc ?" Eeeeeuh, je me suis jamais posé la question, à vrai dire, des fois je fais des bleus et d'autres fois non), mais la madame anesthésiste ne l'a pas lue. Elle m'a posé une série de questions auxquelles j'ai répondu à chaque fois par la négative, m'a fait ouvrir la bouche, tirer la langue (j'ai pas bien compris pourquoi, mais elle avait sûrement ses raisons), m'a examiné le dos, a décrété que ce serait pas facile de me piquer (pas bien compris non plus si j'étais trop petite, trop maigre ou juste mal foutue) mais que c'était jouable, m'a filé une ordonnance pour une énième analyse sanguine (et au labo, ça leur a pas trop plu, cette ordonnance où le médecin n'avait pas précisé son nom et oublié de mettre la date -"Elle devait être pressée", j'ai dit sur un ton d'excuse) et remis un papier explicatif sur la péridurale. Et puis voilà, merci, au revoir. Bon, j'avoue, j'ai été un peu soulagée que ça se finisse vite : elle faisait un peu peur avec sa grande blouse verte genre "je sors tout juste du bloc" et surtout, elle avait un accent très fort (des pays de l'est, je dirais) et il fallait que je me concentre intensément pour comprendre ce qu'elle disait. Pas cherché à lui dire que je n'allais peut-être pas la prendre, sa péridurale. Je verrai le jour de mon accouchement.

Je ne sais plus si je vous ai parlé d'un reportage (encore un !) que j'ai vu il y a quelques semaines et qui s'appelle "Entre leurs mains". Malheureusement, je n'ai pas réussi à trouver un replay non plus. A défaut, voici la bande annonce :

C'est sur le combat des sages-femmes pour pouvoir encore accoucher à domicile et ça permet de comprendre pourquoi certaines femmes saines d'esprit font ce choix. Alors d'accord, le rapport avec mon rendez-vous anesthésiste bâclé est pas forcément évident (pas de péri --> accouchement physiologique --> accouchement à domicile), mais je voulais vous parler de ce reportage, alors c'était le moment où jamais :p

Aujourd'hui, il faisait beau. Comme depuis au moins cinq jours. Je trouve ça miraculeux, ce beau temps qui dure, ces températures toutes douces qui me permettent de sortir sans blouson. J'étais de très bonne humeur en allant au laboratoire faire mes analyses et à la pharmacie récupérer mes médicaments. Ca a dû se sentir, car les gens que j'y ai vus étaient en retour très souriants et aimables avec moi. Ou peut-être que le beau temps leur faisait plaisir à eux aussi. Ou peut-être que j'avais vraiment l'air enceinte, débarrassée de mon gros blouson, et que les gens sont spontanément gentils avec les femmes enceintes. Peut-être que c'était tout ça à la fois.

Quelques photos du beau temps :

L'orchidée de notre mariage qui fait fleur sur fleur.

orchidee

Les deux commères qui profitent de la fenêtre ouverte pour se tenir au courant des derniers potins.

commeres

Moi qui vaux pas mieux que les chats quand il s'agit de lézarder dans une tache de soleil.

soleil

Le chat de cirque et le chat le moins photogénique de l'univers.

bast-joue

Sinon, ma copine m'a envoyé un sms ce matin pour me dire qu'elle avait accouché lundi. Ca m'a fait bizarre. On s'est suivies depuis le premier jour, avant même nos tests de grossesse, on a seulement un (gros) mois d'écart. Et ça y est, elle a son bébé. J'ai l'impression d'être le dernier des mammouths. Et en même temps, je suis tellement tellement heureuse pour elle, elle qui l'a attendu deux ans, ce bébé, qui a dû passer par une FIV, qui a eu un souci de placenta, qui a failli accoucher à cinq mois et demi... Au final, il est arrivé avec deux semaines d'avance, 2,9 kg, juste bien, quoi :) Ca donne vraiment envie !

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