Aujourd'hui, ça va comme un mardi. Comme la
Aujourd'hui, ça va comme un mardi. Comme la plupart des vendeuses, je travaille le samedi. Mon week-end se compose donc du dimanche et du lundi (oui, j'ai déjà de la chance d'avoir deux jours de suite). Et le mardi, c'est le jour où je reprends le travail.
Ce matin, en roulant jusqu'à la canf, je pensais au fameux poète et son ciel bas et lourd pesant comme un couvercle. Et ce soir, en revenant, le couvercle avait crevé et toute l'eau du ciel me tombait sur la tête. Et les mains, qui avaient bien froid posées toutes nues sur le guidon. En avril, ne te découvre pas d'un fil, qu'ils disaient, pas remets tes moufles et ta doudoune.
Je n'aime pas être stagiaire... oui, d'accord, je n'aime pas travailler, mais j'aime encore moins travailler sans vrai statut et sans salaire, mais encore moins sans vrai statut. Une stagiaire, c'est comme une troisième jambe. Ca peut vaguement être utile en cas de défaillance d'une jambe principale, mais la plupart du temps, ça ne sert rien. Pire, si tu fais pas gaffe, tu peux te casser la gueule dessus. Du coup, la troisième jambe, tu la mets dans un coin et t'essaies de l'oublier jusqu'à ce qu'éventuellement, t'en aies besoin. C'est un peu ma situation. On me donne des tâches basiques du genre ranger du réassort, suivre une liste de retours, remettre des livres manquants en présentation... Je le fais, et après... ben, soit je vais réclamer du travail, ce qui embête ceux qui ont un vrai travail à faire, soit je m'occupe toute seule, je range les étagères... (Soit je réclame du travail et on m'envoie quand même ranger les étagères.) Aujourd'hui, j'ai eu un vague espoir, on n'avait fait miroiter de la mise en place de meilleures ventes et un devis à faire, mais non, finalement, ça a été rangement d'étagères.
Je n'aime pas trop ce stage, j'ai hâte qu'il soit fini. En plus, c'est pas que j'aime pas mes collègues, mais je n'arrive pas à m'intégrer. Il y a trop de monde. Moi, s'il y a plus de deux personnes semi-inconnues dans un pièce, je me cache (ou je fais tout comme, c'est à dire que je vaque à mes activités et je ne parle à personne... j'ai la phobie du groupe, du moins du groupe comme moyen de créer des liens). Et c'est trop grand. Et la hierarchie est trop abstraite.
***
Une anecdote aujourd'hui. Un jeune homme vient me voir et me parle tout bas, visiblement embarassé :
"Mademoiselle, ma demande va vous paraître bizarre, mais où est-ce que sont rangés les livres (marmonne plus encore)... tiques."
Dans le contexte, je réponds :
"Les livres érotiques ?"
Comble de l'embarras, et amusement quand même :
"Ah non, non... les livres romantiques..."
"Ah oui, d'accord... remarquez que les livres érotiques, c'est une autre forme de romantisme."
(N'empêche que c'était très mignon.)
Edit : Apollon est un futur grand réalisateur (et moi aussi je suis dedans. A la toute fin. De loin.)