Si on parlait un (tout petit) peu de politique...
Si on parlait un (tout petit) peu de politique...
Je sais que pour beaucoup, la soirée d'hier aura été une déception. Poussée de l'extrême-droite et scores ridiculement bas de ceux qui incarnaient l'un l'anti-système de gauche et l'autre le dépassement des oppositions politiques traditionnelles.
Nous, on l'a pourtant plus vécue comme une victoire, cette soirée. Déjà parce qu'on avait voté pour celui qui l'a gagnée, ça aide. Ensuite parce que le vote d'extrême-droite a surtout été une grande claque pour le président sortant, qui avec des discours plutôt similaires à ceux du FN (l'immigration étant devenu son sujet de campagne préféré) n'a pas su, cette fois, récupérer ses voix. Et, je vais sans doute me faire taper, mais ça nous a amusés de voir la candidate d'extrême-droite heureuse à ce point, comme si elle venait d'être élue au premier tour. Plus sérieusement, je pense qu'il faut écouter les gens qui ont voté pour elle au lieu de les insulter. On est tous dans la même merde, et ce n'est pas parce que certaines personnes y apportent une réponse qu'on peut juger inappropriée qu'il faut négliger leur ressenti. Quand l'extrême-droite devient aussi forte, ce n'est pas à cause des immigrés, ce n'est pas à cause de l'insécurité, c'est à cause d'un malaise ambiant qu'il faut avant tout atténuer. Et peut-être qu'on peut y arriver.
Après, il ne faut pas croire, tout n'est pas rose (ha ha), rien n'est gagné. On peut aussi se dire que la droite dans son ensemble a fait un joli score hier soir, et que les extrémistes de droite seront majoritairement tentés de choisir la peste plutôt que le choléra. On peut aussi se dire que l'avance du candidat de gauche n'est pas exceptionnelle et que toutes les voix de gauche ne vont pas forcément lui revenir mathématiquement puisque beaucoup de gens ont voté à l'extrême-gauche par dégoût de la gauche traditionnelle. Et que vont faire les centristes, c'est une question (même si moi, tous les centristes que je connais sont plutôt de gauche, bien que le candidat soit plutôt de droite). J'ai trop été déçue par les sondages pour m'y fier corps et âme. Sans compter qu'il y a encore le ou les débats et qu'on sait que c'est le grand point fort du président sortant.
Et puis surtout, admettons, s'il est élu. Si pour la première fois depuis que je vote (depuis cinq ans, donc), le candidat pour lequel j'ai voté est élu. Eh bien je crois que ça va être dur de prendre sur moi toute la responsabilité des conneries qu'il fera. Et il en fera certainement, surtout dans le contexte. Dans un sens, je regrette un peu de n'avoir pas voté pour quelqu'un qui disait fi de la dette et de l'économie mondiale. Au moins, quitte à se mettre des oeillères et à vivre en autarcie, on aurait été débarrassés de ces absurdités, qui placent les profits abstraits avant les personnes concrètes. J'aurais dû voter Philippe Bisou.