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Petites calomnies entre amis
Petites calomnies entre amis
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26 novembre 2013

Cette semaine, ç'aurait dû être : et Et

Cette semaine, ç'aurait dû être :

plage-normandie

et

vache-normande

Et finalement, ce sera, comme d'habitude :

vigne-bourgogne

et

vache-bourg

Ce lundi, j'ai provoqué une conversation houleuse entre Apollon et sa soeur. Moi, piteusement, je baissais la tête, coiffée de mon bonnet à oreilles d'ours, dans la grande gare du sud de la capitale, pendant qu'Apollon répétait au téléphone : "Non, ce n'est pas du tout possible, la décision est déjà prise. Ce n'est pas de sa faute, elle ne contrôle pas. Oui je sais qu'il faudrait qu'elle se fasse soigner."

Ce lundi, j'ai fait une crise d'angoisse dans le train qui nous amenait à la capitale où nous devions prendre une correspondance pour Trou-Normand, où réside la soeur d'Apollon. "Crise d'angoisse" est peut-être un peu faible. "Accès de panique" est peut-être plus approprié puisque j'étais persuadée que je n'allais pas survivre au voyage. J'étais coincée dans ce train qui allait mettre une heure et demi à arriver (c'est long une heure et demi dans cet état-là, c'est interminable), je pleurais, je tremblais, je n'arrivais plus à respirer. Une fois le train arrivé, je me suis calmée. Probablement que les médicaments que j'ai pris (dans des doses qui feraient pâlir n'importe quel docteur) n'ont pas été étrangers à cette amélioration. Mais il restait encore deux métros à prendre et un voyage de trois heures à faire, et la même chose dans une semaine pour le retour. Alors, on a préféré rentrer chez nous.

Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Enfin, si, je sais, plus ou moins. Je sais que ça me stressait de quitter ma maison pour si longtemps et pour aller si loin. J'avais peur de laisser mes chats, même si ma soeur devait passer les voir tous les deux jours (mais ma petite Nym, elle se serait jamais laissée toucher par ma soeur, elle se serait cachée pendant une semaine). Je sais que j'avais peur d'être malade, de ne pas m'adapter à ce nouvel environnement, de gâcher toutes les sorties. J'avais fait de la résistance pour ne pas aller là-bas. En fait, ça faisait des années que je faisais de la résistance pour ne pas aller là-bas parce que ça me stressait, mais cette fois-ci, je n'avais plus l'excuse des vacances décalées entre Apollon et moi. Je sais que le matin, j'avais vomi tout ce que j'avais mangé (ce qui en soi n'est pas extraordinaire, ce matin aussi, en fait) et que je partais donc le ventre vide sans savoir si mes jambes me porteraient pour les différentes correspondances à prendre, sans savoir si je trouverais un sandwich mangeable (étant entendu que dans l'esprit de la plupart des vendeurs de sandwichs, un sandwich, c'est pain + légumes ou fromage + viande, parce que sans viande, c'est au mieux une tartine) et si j'arriverais à le manger avec mon mal de ventre et mon estomac récalcitrant.

Etaient-ce des bonnes raisons ? Clairement non. Mes chats étaient plus ou moins en sécurité (on les a déjà laissé trois-quatre jours seules sans que personne ne passe et on les a toujours retrouvées en bonne forme). Je suis déjà partie pendant des mois dans des pays bien plus lointains et je me suis toujours adaptée. Vomir mon petit-déjeuner, j'en ai l'habitude, je le fais quasiment tous les jours et je me rattrape au déjeuner. Enfin, où que j'aille, je pars toujours le ventre noué, ça s'arrange quand je suis arrivée à destination et que je peux relâcher la pression. Seulement, je suis enceinte. Oui, je sais, c'est une excellente excuse pour ne rien faire, "je suis enceinte". C'est un running gag entre Apollon et moi, tiré de TWD où la femme du héros est enceinte et où à chaque fois qu'elle dit quelque chose, l'argument massue qui met fin à la conversation est "Mais tu es enceinte, Machine !" Non, ce n'est certainement pas une excuse pour ne pas partir en vacances. Mais c'est ce qui explique que le stress qu'habituellement je gère (et du stress, j'en gère beaucoup, parce que je suis d'un naturel extrêmement stressé), ben là je ne le gère pas. C'est ce qui explique qu'à la moindre contrariété, je fonds en larmes, et qu'un stress important génère immédiatement une crise d'angoisse.

Evidemment, je suis mortifiée envers Apollon et sa soeur, qui se faisaient tous deux une joie de ce séjour et qui (comme je l'ai déjà dit) le préparent depuis des années (si j'ai tout de même une circonstance atténuante, c'est que je n'ai jamais insisté pour être du voyage et que j'ai même plusieurs fois suggéré à Apollon d'y aller sans moi, ce qu'il n'a pas voulu faire). Je me sens également honteuse envers le reste de la famille d'Apollon. Je veux dire, les beaux-fils de la famille ne sont clairement pas des garçons très intéressants, entre le dragueur de service passionné de tunning et le militaire j'men-foutiste à tendance violente. Moi, sans me vanter, étant bien élevée, cultivée et volontaire, je rattrapais un peu le niveau. Personne n'avait besoin que le septième membre de la fratrie par alliance se révèle folle-dingo.

Ma soeur me parlait hier de "transparence psychique" qui est en fait, à ce que j'ai compris, une levée du refoulement des évènements traumatisants de son enfance dû à la grossesse. Je ne sais pas si c'est ça, il ne me semble pas me souvenir d'évènements traumatisants de mon enfance (enfin si, je m'en souviens, mais avec le même détachement que d'habitude). Par contre, j'ai vraiment l'impression de retomber en enfance. De perdre toute l'autonomie dont je suis habituellement capable, de redevenir un enfant qu'il faut nourrir, divertir, accompagner et consoler sans cesse. Comme je vis avec Apollon, c'est Apollon qui le gère habituellement et quand il ne le gère pas parce que je n'ai pas 8 ans, que ce n'est pas mon père et que ce n'est pas son rôle, je me sens comme abandonnée. Quand j'ai de grosses périodes de déprime, j'appelle mes parents (pas au sens "je prends le téléphone" car je n'aurais vraiment pas le courage de leur dire quoi que ce soit dans ces moments-là, dans le sens "je prononce leurs noms") en pleurant. C'est lamentable, hein ? En plus, je n'ai aucun souvenir que mes parents m'aient un jour consolée (ils l'ont sûrement fait quand j'étais petite, mais je ne m'en souviens pas : raisonnée, engueulée, punie, oui, mais jamais consolée) et ce n'est certainement pas aujourd'hui alors que j'ai 25 ans que ça va commencer. Et pourtant, j'ai l'impression que moi qui ai toujours été forte, têtue, fière, qui ai toujours tout gardé pour moi, j'aurais besoin de mes parents en ce moment, j'aurais besoin qu'on s'occupe de moi, qu'ils organisent ma vie comme quand j'étais petite et qu'ils me consolent sans cesse alors qu'ils me semblent ne l'avoir jamais fait.

Oui, je sais que, dans l'idéal, il faudrait que je consulte. Qu'il faudrait que, dans l'idéal, je voie un psy. Mais le psy, c'est payant, c'est même très cher, et je n'ai vraiment pas les moyens. J'en parlerai à la sage-femme, que je revois lundi prochain. Au pire, j'irai voir un psychiatre, qui pourra, si ce n'est m'écouter, au moins me prescrire des médicaments. En attendant, ben comme d'habitude, je me débrouille.

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