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Petites calomnies entre amis
Petites calomnies entre amis
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16 décembre 2011

Chers amis, Je viens de terminer LEDH, qui est un

Chers amis,

Je viens de terminer LEDH, qui est un livre très intéressant, très prenant, très émotionnant à la fin, quoique pompeux, mais volontairement, presque comiquement, je pense, et je ne peux toujours pas aller porter ma convention de stage à la librairie. En effet, je me suis rendue ce matin à mon rendez-vous avec la conseillère d'orientation, duquel je suis sortie, après vingt minutes sur le thème "C'est bien Artémis, je suis tellement fière de vous Artémis, nous nous reverrons bientôt Artémis, je vous appellerai Artémis" (il y a des gens qui, une fois qu'ils ont fait l'effort de retenir un prénom, trouvent le moyen de le caser à toutes les phrases), avec une convention dans les mains. Malheureusement, deux heures plus tard, ladite conseillère m'appelle en effet pour me dire que ladite convention est caduque puisqu'un foireux paragraphe indique que la rémunération est obligatoire à partir de trois mois et non deux comme il a été dernièrement voté. Elle m'en envoie donc une nouvelle par la poste et la signature du précieux sésame souffre de nouveaux atermoiements.

Sinon, je me suis achetée du vernis (que j'avais vu dans un magazine féminin issu d'un journal de droite portant le nom d'un héros de gauche. Il est très clair et me fait juste briller les ongles, ce qui n'est pas si mal. Je ne sais pas comment un vernis transparent parvient à rendre regardables des ongles rongés jusqu'au sang, mais c'est le cas. A noter que la marque est aussi, d'après le fameux magazine féminin de droite, celle qu'a choisie la reine d'Angleterre pour ses ongles et la nuance qu'elle porte -malheureusement épuisée dans mon magasin- est très proche de celle que j'ai choisie -sinon, ça coûte que 11€, hein, c'est pas non plus un produit de luxe extrême), parce que mon compte en banque, malgré les fêtes de Noël, me sourit en ce moment. J'en profiterai peut-être pour m'acheter de nouveaux habits, puisque, que diable, je vais travailler, maintenant, et le look d'étudiante fauchée n'est pas de rigueur.

Hier soir, nous sommes allés voir HC. J'ai beaucoup aimé. C'est très très joli visuellement, et le petit héros du film est très esthétique avec ses grands yeux bleus (ça ne vous le fait jamais, à vous, de vous dire que, si c'était possible, vous tomberiez bien amoureuse d'un enfant de dix ans ? -après vérification, l'acteur en a bientôt 15, ça devient presque jouable :p). Je trouve quand même quelques défauts au film, défauts qui après vérification apparaissent aussi dans le livre dont est tirée l'intrigue. Notamment le fait qu'il y ait deux histoires en une : celle fictive d'un petit orphelin qui vit seul dans une gare à remonter des horloges et qui va rencontrer une charmante petite fille aventureuse et celle véridique d'un vieux génie du cinéma qui raconte sa vie son oeuvre dans la deuxième moitié du film. Quand l'histoire de l'un est à l'honneur, l'histoire de l'autre doit s'effacer, et cela perturbe ma croyance forte quoique souvent inconsciente en l'unité d'action. Mais c'est très beau, donc allez le voir (malheureusement, si vous habitez une contrée telle que Nowhereland, il vous faudra choisir entre la version VOST sans 3D ou la version 3D en VF -je ne suis pas une grande fan de la 3D, mais il paraît que dans ce film, elle vaut le coup, et le coût).

Mais ce que vous attendez tous sans oser le demander, c'est bien évidemment le récit de ma visite à l'abbaye de R. Pour le plaisir des yeux, il sera sous forme de roman-photos.

Mercredi, nous nous levâmes de bonne heure, contrairement à notre habitude, mais pas pour aller prendre le train, non, pour aller quérir une convention de stage auprès du service compétent, qui ne le fut pas cette fois-ci puisque tout ce qu'il me donna, c'est un rendez-vous avec la conseillère d'orientation. Vous connaissez la suite.

Aux environs de midi, cette déconvenue digérée, nous embarquâmes dans le train direction L.M., première étape pour aller à V., le village de l'abbaye de R. Dans le train, nous déjeunâmes de sandwichs et de chips et nous lûmes des magazines de cinéma. Remarquez au passage que j'ai refait du henné.

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Arrivés à V., nous fûmes saisis par la désolation qu'inspirait ce petit village d'un millier d'habitants, désert au coeur d'un hiver rigoureux.

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Mais nous nous mîmes courageusement en route pour l'abbaye, située trois kilomètres plus loin. Pour cela, nous longeâmes la route nationale, à quelques centimètres des camions roulant à une allure folle, cheveux et oreilles en sang dans le blizzard, sans réellement savoir si nous étions dans le bon sens ou non.

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Quand enfin, nous aperçûmes ce qui nous semblait être une bâtisse monacale, au loin, nichée au coeur d'une nature verdoyante.

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L'espoir renaquit, nous touchions au but de notre périple. En effet, peu de temps après, l'abbaye était là, devant nous.

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Avant d'être abordée par le maître des lieux, j'eus encore le temps de capturer un fugace arc-en-ciel, qui s'était faufilé entre les gouttes de pluie et les rayons de soleil...

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La maîtresse des lieux nous accueillit chaleureusement et nous conduisit à notre chambre. Pour nous pauvres roturiers, ce monument nous semblait un château et il nous impressionnait grandement. Apollon, mal à l'aise, élit domicile sur une chaise, tentant de se fondre tant bien que mal dans le décor.

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Mais la fatigue aidant, il abandonna ses scrupules et me rejoignit bien vite sur le lit princier (pas d'image disponible) où nous somnolâmes pendant une grosse demi-heure.

[attention, parce qu'en société, je ne m'accroche pas à mon appareil, le passage qui suit est presque essentiellement narratif. Les personnes ayant redoublé huit fois leur CP sont donc priées de se rendre directement quatre paragraphes plus bas]

Ce délai écoulé, nous descendîmes réclamer notre dû, à savoir une visite de l'abbaye. Deuxième moment embarrassant, quand nous nous retrouvâmes en face d'une grosse porte, censément celle qui devait nous mener aux propriétaires, derrière laquelle on entendait simultanément un air de piano, le crépitement d'un feu et des rires d'enfants. Prenant notre courage -et la poignée- à deux mains, nous pénétrâmes dans la pièce. S'il s'y trouvait effectivement un feu, nulle trace de pianiste ou d'enfants. Pas plus que de propriétaire. La musique provenait d'un chaîne hifi, les enfants avaient disparu. Nous avancions prudemment dans cette pièce hostile, de toute évidence un salon, où trônaient un grand sapin et une crèche de Noël. Comme toujours dans ces cas-là, nous nous engueulions. Apollon voulait rebrousser chemin, je le défiais de m'expliquer comment, dans ces conditions, nous retrouverions les propriétaires. Finalement, je laissai Apollon au salon auquel, après de longues minutes d'exploration, il s'était accoutumé et me dirigeai dans les pièces du fond. J'entendais à nouveau les enfants, et par une porte entrebâillée, j'apercevais la maîtresse des lieux, en train d'écrire des sms dans ce qui semblait être la cuisine. Il me fallut deux "excusez-moi" pour capter son attention, mais quand ce fut chose faite, je la ramenai, triomphante, auprès d'Apollon. Non non, nous n'avions pas pénétré dans leur maison par effraction, oui oui, nous pouvions nous installer dans cette pièce, au coin du feu. Désirions-nous une tasse de thé ? Le maître des lieux arrivait tout de suite, pour nous faire visiter (oui, j'ai oublié de préciser que nous étions ce jour-là les seuls clients de l'abbaye, chose qui rendait les lieux d'autant plus fantasmagoriques).

La visite fut très intéressante. Surtout intéressante, j'ai honte de le dire, parce qu'avec mon concours, j'étais devenue une experte ès monachisme et architecture médiévale. Je pus donc, tout au long de la visite, faire des hochements de tête entendus ("B. de F., oui, 1112, hum hum, trente hommes jeunes et vigoureux, oui oui") et poser des questions pertinentes ("mais puisque l'abbaye date du début du XIIème, cela signifie que ce réfectoire gothique a été construit bien après ?"). Et je fus fort flattée qu'on me demande : "Vous êtes historienne ?"

A la fin de la visite, aux environs de 17h, la nuit s'abbatit sur R. et, désormais aveugles dehors, nous réfugiâmes dans notre chambre. En même temps, quel autre choix avions-nous ? Nous étions au milieu de nulle part, en pleine campagne, il faisait nuit noire et un froid de canard. On nous avait proposé fort cordialement d'user du salon agréablement chauffé par le feu ou de la bibliothèque remplie de livres, mais nous préférions rester entre nous. J'ai été moult fois au pair : je sais ce que cela fait de débarquer dans une maison, d'utiliser un canapé ou une bibliothèque qui ne sont pas les nôtres, de parler avec des inconnus comme s'ils étaient de proches parents, de pénétrer, en somme, au coeur de leur intimité. C'est sans doute pour cela que quand Apollon rechignait à aller déranger les propriétaires dans leur cuisine, je m'acquittai de cette tâche sans trop de scrupules. Mais enfin, cette fois-ci, je n'étais pas en service ! Certes, le salon et la bibliothèque étaient à disposition des voyageurs mais ils avaient quand même un aspect très personnel qui mettait un peu mal à l'aise. Nous passâmes toute la soirée à lire dans nos draps, sous une épaisse couette et un épais couvre-lit, alternant romans et magazines (les nôtres, et ceux à disposition dans la table de chevet -dont le fameux magazine féminin issu d'un journal de droite portant le nom d'un héros de gauche). Nous mangeâmes une nouvelle fois des sandwichs et des chips (car nous avions été prévoyants, et nous n'avions nulle envie de retourner longer la nationale sur trois kilomètres en pleine nuit pour rejoindre le village) et notre intérêt pour les romans et les magazines épuisé, nous nous couchâmes.

Le lendemain, un copieux petit déjeuner nous attendait dans la pièce principale : jus d'orange, thé, tranches de pain frais, beurre, confiture maison, croissants furent de la partie. Ceci dûment avalé, nous allâmes visiter les alentours de l'abbaye, notamment un pigeonnier dont on nous avait dit beaucoup de bien. A proximité du pigeonnier, nous fîmes connaissance avec la faune locale : ânes, chevaux, poules et chien, tous très amicaux (mais si nous avons caressé canins et équidés, nous ne nous sommes pas risqués à toucher les gallinacés : depuis que j'ai travaillé chez des anglais qui possédaient un poulailler, je me suis rendue compte que j'avais une peur phobique des coups de bec).

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 Puis aux environs de 11 heures, nous quittâmes les lieux, ayant préalablement fourré dans nos sacs à dos deux bouteilles de vin d'un producteur du coin, du blanc et du rouge, offertes par les maîtres des lieux... que j'ouvrirai probablement au Nouvel An, histoire de ne pas faire ma vieille alcoolique qui se siffle toute seule (Apollon n'aimant pas l'alcool) ses deux bouteilles. Nous jetâmes un dernier regard sur l'abbaye qui nous avait si généreusement accueillis ces deux jours d'exception. (Il est sans doute temps de préciser que cette nuit, ce petit-déjeuner, cette visite et ces bouteilles ne nous ont rien coûté du tout puisqu'il s'agit de mon cadeau d'anniversaire -un coffret chambre d'hôtes prestiges- de la part de Tata Viovio... merci Tata Viovio !)

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Suivant les conseils du propriétaire, nous longeâmes le chemin de fer plutôt que la route nationale pour arriver plus vite à la gare. Ce faisant, nous bousillâmes nos chaussures, nos jeans et le pré d'un aimable paysan du coin, nous manquâmes de mourir en traversant plusieurs fois la voie ferrée quand nous rencontrions des obstacles et nous nous engueulâmes encore un peu, parce que quand on est énervés, faut bien en faire profiter quelqu'un.

Arrivés au village, nous nous mîmes en quête d'une auberge où manger, et trouvâmes un charmant petit bar PMU où pour 12€, on avait un repas complet entrée-plat-dessert à choisir parmi les plats du jour. Nous en fûmes très satisfaits et mangeâmes largement à notre faim. Apollon prit du taboulé, des grillades de porc marinés et un fondant au chocolat, moi, une tarte chèvre-tomate, un poulet basquaise et une tarte aux pommes et boule de glace. C'est encore dans les bars paumés des petits villages paumés qu'on mange le mieux, moi je dis :)

Puis nous retournâmes à la gare, et dans le train, nous nous abandonâmes à la fatigue de ces multiples aventures.

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Je vous passe les détails de comment on a voyagé sans billet pendant tout un trajet parce qu'il n'y avait ni distributeur ni guichet à la gare de V., la plus petite gare que j'aie jamais vue, ni contrôleur dans le train, de comment on s'est vertueusement dénoncés au contrôleur à la gare de L.M. et de comment on a finalement payé moins cher dans le train que ce que nous avions payé à l'aller en utilisant une machine. Comme quoi, la vertu trouve toujours sa récompense.

Sur ces belles pensées, bon week-end !

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