Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Petites calomnies entre amis
Petites calomnies entre amis
Archives
19 mai 2012

Cet été, il va y avoir un peu de beurre dans les

Cet été, il va y avoir un peu de beurre dans les épinards. Pour la première fois depuis quatre ans, je vais avoir un vrai métier. Et guess what ? Mon métier, ça va être de faire ce que je fais depuis six mois. Lire, ranger, chercher, trouver, conseiller, retourner. Eh oui, je vais travailler à la canf.

Je sais, je sais, j'avais dit plutôt mourir que d'y passer ma vie. Mais depuis que la librairie de verre est en faillite, que la librairie jaune se serre la ceinture et que la librairie GJ a décidé de tout miser sur la papèterie, la canf, c'est encore une des seules librairies qui embauchent sur Nowhereland. Et c'est un contrat d'un mois, alors bon, c'est quand même pas un engagement très fort. Même si j'avoue que je me dis que si j'ai pu décrocher un job après mon stage, peut-être que j'arriverai à décrocher un CDI après mon CDD. On peut toujours rêver.

Oui, je sais, je veux pas passer ma vie à la canf. Mais je suis Artémis, je suis déesse de la lune et comme tout ce qui a trait à la lune, je suis fondamentalement ambivalente. Car si je suis asociale, idéaliste et compliquée, je suis aussi travailleuse, on ne peut pas le mettre en doute (quand nous étions petites, nous avions demandé à nos parents quelles étaient selon eux nos plus grandes qualités : ma sœur avait hérité de charmeuse, et moi de travailleuse -ce qui, à dix ans, est loin d'être la valeur phare, je l'avais d'ailleurs très mal pris). Donnez-moi un ordinateur et une liste de tâches qui n'en finit pas, et je m'estimerai heureuse. En fait, donnez-moi du travail quand j'en cherche, et je m'estimerai heureuse -du moins les deux premiers jours.

Je suis aussi soulagée, car je vois la fin de mon mensonge à ma famille. J'ai reçu ma convocation pour les épreuves d'admission. Je sais la date des oraux et la date des résultats. J'ai mon boulot d'été, qui n'a rien de secret puisque c'est un boulot d'été et qui est en parfaite adéquation avec mes projets de l'année prochaine. J'ai posé mon dossier pour le master, et ça aussi, je peux en parler comme d'une roue de secours en cas d'échec. Et je vais échouer, ça c'est à peu près sûr, puisque je ne me présenterai pas aux épreuves (j'y ai pensé, à les passer, à réviser un mois, ce qui doit être suffisant, et à me donner cette autre roue de secours en cas d'échec de ma prétendue roue de secours, mais il y a aussi le truc d'anglais, le truc d'informatique et un master à valider... et ça n'en prend pas la voie !).

-----------------------------------------

Mais au final, ce soir, je suis plutôt déprimée. J'ai bien aimé ma journée. J'ai été joyeuse, dynamique, j'ai eu du travail, je m'en suis acquittée avec ferveur, et j'ai eu pas mal de clients que j'ai conseillés efficacement. J'ai distribué des chocolats (industriels, certes, mais je les ai achetés rapidos ce matin avant d'aller travailler, j'avais pas le temps de passer chez le chocolatier huppé ou de faire des gâteaux) et ça a fait plaisir à tout le monde. Et puis deux minutes avant la fin, le directeur m'a demandé de venir le voir, pour me rendre mon évaluation de stage. Et là, le soufflé est retombé.

Parce que cette évaluation, qu'A. me promettait très bonne, elle était pas super. Deux  "à améliorer", la pire note possible sur le questionnaire, pour la communication orale et l'esprit d'équipe. J'ai eu un seul "excellent", pour la culture de l'entreprise (ah bon ??). Pour le reste, ça oscille entre "ça va" -genre pour ma conscience professionnelle- et  "à la rigueur" -genre pour pour mon esprit d'initiative. Alors que je suis désolée, ma conscience professionnelle, c'est un peu mon gros point fort : toujours dix minutes en avance, jamais la première à partir, rognant constamment sur mes pauses, ne m'accordant pas une seconde pour souffler de toute la journée, toujours du travail en cours... Alors merde, j'aurais quand même pu avoir "excellent" à ça. Pour mon esprit d'initiative, je dirais qu'on m'a assez peu laissé l'exprimer. Comment tu veux avoir de l'esprit d'initiative quand tu n'as aucune responsabilité et que tu es la cinquième roue du carrosse ? Je sais bien que si j'avais mon magasin, mon rayon ou ne serait-ce que mon ordinateur, je gèrerai tout de A à Z sans souci. Donc c'est injuste de me juger sur ça. Pour mon expression orale, honnêtement, ce sont des gens qui ne savent pas ce que c'est que la sylviculture (ce matin, j'ai quand même dû l'expliquer à non pas une mais deux collègues) qui me jugent sur ça ? Alors c'est vrai que je parle peu, mais ça ne me handicape pas dans mon travail. J'ai un très bon rapport avec les clients, je maîtrise très bien les chiants, je suis la patience incarnée, et je fais rire les pas chiants. Quant à l'esprit d'équipe, oui, je reconnais, je ne l'ai pas. Mais en même temps, voilà, quoi. Libraire, à la base, c'est pas un métier d'équipe. L'équipe, tu es obligée de te la taper parce que maintenant, y'a que les groupes qui survivent.

 Je crois que je vais appeler le service d'orientation. Pour parler à ma psy. Enfin, ma conseillère d'orientation. T'açon, je dois leur rendre l'évaluation. Je vais me plaindre de la canf, ça va me faire du bien. Et puis comme ça, ils auront aussi ma version.

Bref, la vie, c'est de la loose. En attendant, j'ai deux semaines de vacances, moi.

Publicité
Commentaires
L
J'imagine que certaines remarques peuvent être dures à digérer, surtout quand certaines remarques ont l'air très injustes.<br /> <br /> <br /> <br /> Bref, re-courage! (surtout que je rentre en juin et compte fêter ça par un livrathon dans toutes les échoppes de la cité, y comprit ton lieu de travail, même si ça craint. Navrée.)
A
Ca a été exactement l'évolution de mon état d'esprit : "bravo je suis trop forte" puis "courage" :) D'ailleurs, le début du message date d'avant-hier et la fin d'hier... ça se voit ;) Ils auraient vraiment pas dû me montrer cette évaluation. A la librairie jaune, je ne l'avais pas vue, et je m'en portais très bien. Mais des retours que j'en ai eus, je crois qu'elle était meilleure que celle-ci. Déjà, niveau autonomie, en me laissant toute la journée gérer mon coin, ils pouvaient pas dire que j'étais une assistée. De toute façon, quand on y pense, c'est une connerie, cette histoire d'autonomie, à la canf. Pour être autonome, faut avoir au moins une place où s'assoir.<br /> <br /> <br /> <br /> Et j'espère qu'en juin, je serai un peu plus libre de mes mouvements, même si ça nécessite d'être un peu moins couvée (moi j'ai jamais dit que je voulais être couvée, d'ailleurs). Mais vu que je dois remplacer B. qui faisait un peu office d'homme à tout faire (et que moi-même j'aidais quand il était à côté de la plaque), je le sens mal.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais je suis quand même contente, faut pas croire. Faut juste que je digère certaines remarques. Je suis pas assez habituée à l'échec :)
L
En lisant le début, j'ai été tentée de commencer ce commentaire par "félicitations!! ah quel talent!! et autres formules flagorneuses!"<br /> <br /> <br /> <br /> Et puis, finalement, j'ai pensé à:<br /> <br /> <br /> <br /> "Courage."
Petites calomnies entre amis
Publicité
Newsletter
Publicité