Cette matinée, c'est la matinée de l'animal con.
Cette matinée, c'est la matinée de l'animal con. Tout à l'heure, en faisant la vaisselle, j'entends "bong bong bong" dans la mezzanine. Vas-y t'y pas que c'était un oiseau, qui s'était introduit, de toute évidence, par un vélux entrouvert et qui à présent se cognait la tête contre un autre vélux pour sortir. C'était assez pitoyable. Et effrayant. J'ai l'impression que plus je vieillis, plus je prends peur des bêtes : insectes mais aussi chiens, rongeurs, oiseaux... ce qui m'effraie, c'est de ne pas pouvoir prévoir leurs réactions. La seule bestiole dont je connais exactement le mode de fonctionnement et dont je n'ai jamais peur, c'est le chat. Je peux approcher n'importe quel chat errant, ce que je ne ferais pas avec un chien errant ou quelque chose de plus exotique, disons un lama errant. C'est bizarre, dans la mesure où j'aime énormément les animaux et que je touche avec un plaisir puéril n'importe quelle bête si je suis assurée qu'elle ne me fera rien.
Bref, j'ai mis mes lunettes, vérifié qu'il s'agissait bien d'un oiseau et qu'il était bien à l'intérieur (situation qui me paraissait surréaliste), reculé de quelques pas, pris une profonde inspiration, et ouvert en grand le second vélux, celui sur lequel ne se cognait pas l'oiseau. Après quoi, je me suis encore reculée et l'oiseau, pris d'une inspiration de génie, s'est immédiatement envolé vers l'infini et l'au-delà. Soulagement pour lui et pour moi. Ayant repris mes esprits, je me suis mise à chercher mon chat, surprise qu'elle n'ait pas été aux premières loges du spectacle de l'oiseau suicidaire. Et je l'ai trouvée coincée dans le placard, dans lequel elle était entrée par une toute petite ouverture et duquel elle n'arrivait plus à sortir. Je vous jure.
Mais ce n'était pas de ça dont je voulais parler ce matin. Je voulais parler, plus logiquement, de ma nouvelle condition de salariée (pour un mois je vous le rappelle, ne nous emballons pas). Je dois dire que ça ne change pas beaucoup de ma condition de stagiaire, sauf que j'ai rempli plus de papiers, que je dois donner un RIB et que j'ai eu une visite médicale pour vérifier que j'étais "apte à ce poste". Et je le suis. Seule remarque qui m'a été faite : "Surtout, vous ne portez pas seule les caisses de livres" (c'est vrai que théoriquement, on n'est pas censés le faire... mais j'aime être indépendante, et si faut appeler quelqu'un dès qu'il faut déplacer une caisse de livres, on n'est pas rendu. Je le regretterai probablement quand j'aurai le dos cassé). Sinon, je travaille toujours avec les mêmes personnes, en littérature, et je fais toujours un peu les mêmes choses (j'étais persuadée qu'on m'enverrait ailleurs, mais en fait, je me pointe là-bas tous les matins et personne ne me dit rien). Je n'ai toujours pas l'impression d'avoir un rôle crucial dans l'entreprise. D'ailleurs, A. oublie régulièrement que je ne suis plus stagiaire. Je me dis "tant mieux" si on me paie pour faire des choses que d'autres personnes pourraient faire mais je regrette de ne toujours pas être sûre d'où se trouve ma place. J'aime mes collègues, j'aime mon job, mais j'ai peur qu'on se rende compte un jour que je ne sers à rien. Je ne sais pas si je suis plus appréciée que la stagiaire, E. Au niveau du rangement de la réserve, ça ne fait aucun doute, car je l'ai retrouvée dans un désordre monstre et j'ai surpris A. en train de pester contre ce rangement sans queue ni tête. Mais au niveau de l'appréhension globale du poste, je ne sais pas si je vaux mieux qu'elle. Je ne sais pas, en somme, si l'une d'entre nous devait être embauchée (plus d'un mois j'entends), laquelle serait choisie : je suis plus consciencieuse, c'est sûr, mais je crains qu'elle ne soit plus efficace. Voilà que maintenant que je suis employée, je fais un complexe d'infériorité vis à vis de la stagiaire. Pour terminer sur un point plus positif, il me semble tout de même que depuis que je suis payée, j'ai acquis plus d'assurance : j'hésite moins à prendre des initiatives, je parle plus d'égal à égal avec mes collègues. Et je me dis que si moi je reste en littérature alors que E. la stagiaire bouge tout le temps, c'est parce qu'on m'aime mieux (ou que je suis une assistée, au choix).
Pendant que je faisais la vaisselle, avant que l'oiseau ne s'introduise dans ma mezzanine, j'ai aussi réfléchi à un classement des activités de la vie. Je vous en fais part :
1) voyager, faire des ballades, faire des fêtes... les trucs fun qui sortent de l'ordinaire.
2) "travailler" à la maison : écrire des romans, des nouvelles, des scénarios, des articles, des essais philosophiques etc, se cultiver en regardant arté et en lisant des livres.
3) glander à la maison : bouffer des bonbons, regarder des émissions de télé-réalité, faire des siestes...
4) travailler pour de vrai à des horaires précises, avoir un patron et être payé à la fin du mois (ou pas dans le cas de stage, mais faut avouer que c'est mieux).
5) étudier : que ce soit à la fac, au lycée, au collège, à l'école... Rester assise pendant des heures à écouter quelqu'un parler m'ennuie mortellement.
Finalement, on ne peut pas dire que je suis si malheureuse que ça, vu que ma vie, en ce moment, c'est 70% de mon 4, 25% de mon 3, 3% de mon 2, 2% de mon 1 et 0% de mon 5 :) Evidemment, l'idéal, ce serait 70% de mon 2, 25% de mon 1 et 5% de mon 3, mais on ne peut pas tout avoir. Si ça vous amuse de me donner votre propre classement, je vous écoute, ça m'intéresse (mais je doute que le mien soit très original) :D Aujourd'hui, le programme sera beaucoup de 3, un tout petit peu de 2 et un peu de 1, puis que Déesse Vio vient à Nowhereland et que nous allons ensemble à un barbecue chez le Grand Blond.
(je me rends compte que j'ai oublié dans mon classement les corvées, qui se placeraient évidemment en sixième position et représentent une grosse partie de mon temps libre -aujourd'hui ménage et lessive-... mais on va pas démoraliser tout le monde en les ajoutant)
Enfin, last but not least, Apollon a enfin coupé sa crinière d'ébène. Et il faut avouer qu'une nouvelle coupe de cheveux, ça remet du piment dans le couple. J'ai honte de le reconnaître, mais j'ai déjà souvent eu envie de rompre à cause de cheveux trop longs ou trop courts. Ce n'est pas tant que le paraître est important, c'est que la paresse (flemme de se couper les cheveux ou flemme de demander une autre coupe que la coupe tondeuse) me gonfle à l'extrême. Mais aujourd'hui, je suis fière de mon copain, qui a eu le courage d'affronter la méchante coiffeuse, de lui faire part de ses volontés, de regarder tous ses cheveux tomber et qui s'en sort avec les honneurs capillaires. Moi je dis respect. (il est beau comme ça, non ? moi je trouve)