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Petites calomnies entre amis
Petites calomnies entre amis
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30 janvier 2013

Vous le savez : moi, Artémis, j'aime bien faire

Vous le savez : moi, Artémis, j'aime bien faire des bilans. Généralement, je reste plutôt cohérente, je fais des bilans à la fin de quelque chose (une année, une année universitaire, un job...). Mais aujourd'hui, j'ai envie de faire un bilan avant de commencer quelque chose. En l'occurrence, mon stage, vendredi. Et fuck la cohérence. Parce que je suis stressée, et que j'ai besoin de mettre de l'ordre dans ma tête. Parce que je suis un peu déprimée, aussi. Pas uniquement parce que j'ai ce stage à faire qui va me prendre quatre mois de ma vie, non, aussi pour d'autres raison.

J'avance énormément, cette année (disons 2012-2013). Je ne peux pas dire qu'avant, sur le grand jeu de la vie, j'étais restée à la case départ, non. J'avais passé la case "chat", la case "indépendance", la case "début d'études" (ma case préférée : j'ai quand même sauté dessus quatre fois : une PCEM1, une L1, un M1, un M2, tous quatre dans des domaines différents), la case "copain", la case "appartement à deux"... Mais depuis trois ans, je stagnais. Je faisais des bonds entre "chat", "début d'études", "copain"... et je n'avançais pas. Et puis cette année, j'ai réussi à passer la troisième : il y a eu d'un coup "fiançailles", "chat bonus", "travail", "permis", "voiture", "compte commun" et j'ai enfin pioché la carte "lentilles" (+ trois points esthétique). J'ai même des horizons à court terme assez clairs : les cases "fin d'études", "CDD", "mariage", une nouvelle carte esthétique "coloration définitive" (nombre de points gagnés à déterminer)...

Callisto (l'amie, pas le chat) me disait il y a peu quelque chose du genre (désolée si je la trahis un peu pour les besoins de la compréhension ou pour lui faire dire ce qu'elle n'a pas dit mais que j'ai compris comme ça) : "J'avais un peu peur de ton envie de bébé parce que je me disais que tu devrais d'abord résoudre tes propres problèmes avant de te consacrer à ceux d'un autre. Mais maintenant que je t'ai revue, je trouve que ça a l'air de super bien aller et je pense que tu es prête". Oui, je vais mieux, et ça se voit : je souris plus (il faut dire qu'avec la canf, j'ai perfectionné à l'extrême mon option "sourire et gaieté à la demande" : je vois un ami, un collègue, un prof, un médecin, une caissière... pouf, je souris jusqu'aux oreilles, ça met tout de suite plus à l'aise), je grogne moins, je stresse moins.

Alors expliquez-moi pourquoi, alors que je touche au but, que mon identité semble enfin prendre un visage qui me plaît ("libraire mariée motorisée rousse sans lunettes avec deux chats"), j'ai l'impression d'être coincée. Oui, il me semble que dans ce jeu dans lequel j'évolue avec tant d'aisance, qui n'est ni plus ni moins que le jeu Devenir adulte, je suis prise au piège. Parce que c'est une ligne droite et que moi, j'ai envie de gagner. J'ai envie de tout faire vite et d'être félicitée (je suis comme ça, j'aime faire mieux que les autres et avoir des bonnes notes). Je veux être enfin fière de moi et je veux que les autres soient fiers de moi. Mais pour cela, je dois prendre sans regarder en arrière une ligne :

études --> CDD --> mariage --> CDI --> bébé --> maison

qui s'étend sur trois ans et qui me désespère, parce que ce n'est pas ce dont je rêve. Je ne veux pas être coincée dans une entreprise à larbiner pendant des années, je m'angoisse à l'idée de me marier "comme tout le monde" (ce qui me gêne, ce n'est pas de me marier, loin de là, plutôt la partie "comme tout le monde" : mairie à 15h, église à 16h, repas à 19h, fête toute la nuit, voyage de noces dans la foulée... et je sais que si je bouscule ce programme, je ferais de la peine à ceux qui m'entourent : ma famille, ma belle-famille, mes invités en général et mon fiancé qui est quand même un peu concerné) et plus que tout, moi, ce que je veux, c'est avoir un enfant. Vite, pas après un hypothétique CDI.

Je suis très reconnaissante à ceux à qui je l'ai dit de ne pas m'avoir jugée (il faut croire que je les ai bien choisis), de n'avoir pas essayé de me raisonner ou de me faire renoncer. Mais je sais que sur la jolie petite ligne droite que je suis, si je tombe enceinte, ça mettra fatalement le bazar (on ne saute pas trois cases aussi allégrement). Je sais que je recevrais des critiques : je décevrais Maman qui voudrait que j'aie un belle robe à mon mariage, je décevrais Mamie qui voudrait que j'aie une "bonne situation" avant de faire un enfant (si si, elle me l'a dit -spontanément, sans même que j'en parle- dimanche), je décevrais mon fiancé qui voudrait profiter un peu de la vie avant (et notamment faire un voyage de noces) et je décevrais mon employeur qui me dira que j'ai laissé passer ma chance bêtement (à la limite, je ferais bien rire mon père, qui pourra dire à sa mégère : "Tu vois chérie, toi tu es timbrée sévère et tu as attendu tes 30 ans que quelqu'un veuille bien de toi, moi j'ai 60 ans et un gamin pourri-gâté en maternelle, mais on s'en sort bien mieux qu'Artémis qui a 25 ans et qui est quand même bien dans la merde avec son bébé !").

Si je peux dire ça au conditionnel, c'est que je sais maintenant avec certitude que je ne suis pas enceinte et que les dés sont donc relancés (j'aime filer les métaphores). Est-ce que je dois continuer à tenter ma chance et quelles en seraient les conséquences ? Est-ce que ce serait positif : est-ce que j'arriverais enfin à m'extraire d'un plan de vie qui ne me convient pas ? Ou est-ce que ce serait négatif : est-ce que je perdrais tout ce que j'ai gagné (un futur limpide, la bonne opinion de mon entourage) pour un caprice ?

A ce propos, en ces temps où les anti-mariage gay prônent un "droit des enfants" et pas un "droit aux enfants" (je pense qu'ils devaient être tout contents d'avoir trouvé cette formule), je pense qu'il est important de rappeler que tout désir d'enfant est un caprice. Sinon, ça ferait longtemps qu'on aurait instauré pour chacun un quota d'enfants à faire dans sa vie à tel moment, ça ferait longtemps qu'on aurait interdit aux pauvres et aux névrosés d'en faire ou qu'on leur aurait donné de l'argent et de l'aide psychologique pour les élever. Tant qu'on peut faire dix enfants si ça nous chante, faire des enfants quand on est au chômage ou ne pas en faire du tout, le désir d'enfant reste un caprice des parents qui n'a rien à voir avec la loi et peu à voir avec le bonheur futur des enfants. Ce qu'il faut déterminer, c'est si ce caprice est raisonnable (dans le cas d'un couple d'homos soudé bien installé dans la vie, je le pense sincèrement, dans le mien, j'ai des doutes).

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P.S : En relisant mon message, j'ai l'impression que ce qui en ressort c'est "j'ai fait une connerie, vous pensez pas que je devrais faire marche arrière avant qu'il soit trop tard ?". Non, ce n'est pas ce que je pense, et je ne veux pas faire marche arrière. Ce que j'aimerais qu'on me dise c'est : "Non tu n'es pas coincée et personne n'a à te juger parce que tu mènes ta vie comme tu l'entends". Evidemment, je ne vais pas vous obliger à me dire ça. Mais je ne voulais pas que vous croyiez que j'attendais des réponses telles que "Tu as raison, tu es en train de gâcher ta vie". Vous avez le droit de me le dire quand même, mais ne pensez pas que vous allez me faire me sentir mieux comme ça ;)

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Commentaires
N
D'abord, je suis trop contente, je vois ton message juste après que tu l'ai posté! <br /> <br /> <br /> <br /> Et puis par rapport à ce que tu dis, j'allais sincèrement te répondre ce que tu souhaites entendre! <br /> <br /> Le plus important c'est "tu mènes ta vie comme tu l'entends"! Je pense que si j'avais écouté mon entourage, je ne serais jamais parti du coup je n'aurais pas connu mon mari, si j'avais écouté mes amis je ne serais peut être pas mariée et donc probablement pas en France à présent et encore pleins d'autre chose... mais moi j'ai décidé de faire ce que je voulais et même si j'ai eu quelques regret, tout commence à s'arranger... en gros, fait ce que tu veux, tant que tu es sûre de toi et que t'es prête (et le papa aussi de préférence ^^) et de toute façon je ne pense pas que tu pourras regretter d'avoir un enfant, ça te donnera juste plus de force pour avancer!
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