Hier, Apollon et moi nous sommes engueulés. Oui,
Hier, Apollon et moi nous sommes engueulés. Oui, ça arrive, même aux meilleurs, alors y'a pas vraiment de raison que ça nous arrive pas à nous qui sommes loin d'être les meilleurs. Avec comme prétexte la prise en otage de notre mariage par sa mère, qui a eu comme derniers rebondissements "le vin d'honneur non négociable" et "Non n'envoie pas un mail pour le traiteur, ma mère s'en occupe". Super super, et moi je gère quoi, au juste ? Je ne nierai pas que le point de départ de cette prise de tête a été le message de C. disant qu'elle voulait un mariage qui leur ressemble. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que notre mariage risquait surtout de ressembler à la mère d'Apollon. Bref, le climax de l'engueulade a été atteint quand j'ai dit : "De toute façon, moi, je suis comme ça, j'ai horreur de faire comme tout le monde."
Pour le coup, vouloir être différent est dramatiquement commun. L'être humain est l'animal social le plus porté sur l'individualité. C'est d'ailleurs pour ça qu'on a la police et les tribunaux : tu verras jamais une fourmi trucider sa copine fourmi pour s'approprier son grain de blé. Chez nous, tout le monde veut se démarquer. Il y a juste plusieurs façons d'envisager la différence. Il y a ceux qui poussent les codes de la société à l'extrême, qui veulent être la plus belle, le plus classe, le plus drôle ou la plus intelligente. Ceux qui se rattachent à des groupes qui se prétendent en marge de la société : les néo-hippies, les punks à chiens, les gothiques... Et ceux qui veulent être différents différemment, comme moi (modestement). Le tout, c'est d'intégrer un minimum les codes de la société, pour ne pas virer paria.
Je crois que j'étais toute petite quand j'ai pris conscience qu'être différent, c'était cool. J'avais un livre d'enfant dont le titre m'échappe mais qui avait sur sa dernière page un miroir avec une formule du type : "Et toi, tu es unique !" Unique. Je ne dirais peut-être pas que toutes mes interrogations ont soudainement trouvé une réponse, mais il est certain que ma vie n'a plus été la même lorsque j'ai saisi le sens de ce mot (quand M. m'a demandé quels livres avaient bouleversé ma vision du monde, j'aurais dû lui répondre ce petit livre avec un miroir, tiens). Quand j'étais en maternelle et que je n'avais pas d'ami (j'ai jamais eu beaucoup d'amis, mais pendant quasi toute ma maternelle, je n'en avais pas du tout), je me baladais en chantonnant dans la cour de récré en me disant que j'étais différente et que c'était pour ça que j'étais toute seule. Et bizarrement, la différence, ça a toujours été quelque chose de vachement positif pour moi. Ce n'est pas si étonnant que quinze ans plus tard, je me sois mise en couple avec un type dont l'adresse email était "imnotlikethem" (Bon point pour lui, ai-je dû mentalement noter quand je l'ai appris). Encore aujourd'hui, à la canf, quand je suis en salle de pause et que les gens discutent entre eux pendant que je lis un bouquin, je me dis que c'est normal, que c'est parce que je suis différente. Ca ne me dérange pas, la seule chose qui me dérange, c'est que ça puisse être mal vu par les gens qui peuvent potentiellement m'embaucher (dans l'entreprise, par contre, l'individualisme, c'est pas une valeur porteuse).
Je dis ça, mais j'ai bien consciente que je ne suis pas si différente que ça (tout comme les gars qui s'habillent en noir, gardent les cheveux longs, marchent avec de grosses bottes compensées et portent des crucifix aux oreilles nous semblent tous identiques bien qu'ils prônent la différenciation -ça, ça m'a toujours paru incompréhensible). L'important, c'est que je veuille absolument l'être. Alors ça me saoûle un peu d'avoir un mariage mairie-église un samedi après-midi et une soirée dans une salle des fêtes avec un repas concocté par un traiteur. Mais je vous prépare un article sur l'autre blog qui vous dira quand même en quoi mon mariage, s'il sera quand même conçu pour satisfaire et arranger le plus grand nombre, sera au moins un peu différent ;)