Quand les jeunes d'aujourd'hui apprennent à faire
Quand les jeunes d'aujourd'hui apprennent à faire un commentaire au collège ou au lycée, ils ne retiennent généralement que deux choses : champ lexical et paysage-émotion.
Aujourd'hui il tombe une petite pluie fine mais bien insistante sur la ville depuis ce matin. C'aurait été bizarre qu'il fasse un grand soleil, ça aurait fait tache. J'ai déjà eu du mal à ouvrir mes volets ce matin, alors si ç'avait été pour voir, en plus, un grand soleil me narguer, je les aurais sûrement refermés aussi sec.
Je ne sais pas Super Véto s'est trompé, si Super Véto peut même se tromper, ou s'il n'a seulement pas anticipé le risque immédiat. Ou s'il l'a anticipé mais qu'il n'a pas voulu m'en faire part. Voilà, à l'heure qu'il est, il n'y a plus de Bastéton. Le dernier est mort sous mes yeux il y a quelques heures, sept heures après la naissance de ses frères et soeurs, morts eux-aussi, mais morts-nés, c'est plus agréable (parce que quand on a devant soi un petit chat vivant et qu'on sait que de toute façon, il va mourir parce que son système respiratoire n'est pas prêt à supporter l'air, niveau potentiel de désespoir, on atteint des sommets).
Je suis debout depuis 6h, je me suis couchée tard et je me suis réveillée pendant la nuit. Je suis toujours seule, Apollon est dans le train. Ma seule amie, c'est l'assistante de Super Véto au téléphone, qui a consciencieusement noté "des contractions... deux chatons... morts..." et plus tard : "14h30... troisième chaton... mort... pas de placenta". Je ne vais pas bien, j'ai accompagné chacune des poussées de ma chatte avec des larmes (après l'article gore, c'est l'article dépression, je m'en excuse) mais ça pourrait être pire. Elle, elle est morte de fatigue, mais a priori, elle va bien.
Voilà voilà. On fêtera Noël sans bébé chat, mais au moins, on sera tous les trois. C'est déjà ça.