Depuis que le responsable du rayon est revenu, je
Depuis que le responsable du rayon est revenu, je ne peux plus noter sur mon carnet mes impressions quand je m'embête. D'ailleurs, depuis que le responsable est revenu, je ne m'embête plus de la même façon. C'est à dire que quand le responsable est occupé à l'ordi, je suis plantée comme un piquet au milieu du rayon, je me sens coupable et inutile (parce que je n'ai plus accès à l'ordi pour me donner de la contenance, et parce que les clients ne viennent pas me voir vu que je ne suis plus à l'ordi), et c'est un ennui vraiment terrible, limite étouffant, et que sinon, eh bien, je suis over occupée parce qu'il me fait ranger tous les rayons, passer des tas de codes-barre dans l'ordi pour les commandes, trier des livres pour les retours... et puisque pour faire tout cela, je suis devant l'ordi, j'accueille et je renseigne aussi les clients. On m'aurait dit qu'un jour je serais vendeuse, j'aurais bien ricané, je crois. Et finalement, ben, ça va. J'arrive vraiment à conseiller des livres, à y mettre de la passion, et à les faire acheter au final, j'aborde les gens qui me paraissent perdus, je souris beaucoup, je plaisante, mon côté paternel (mes quelques gènes "chevelu jovial") ressort et ça se passe bien.
Ce qui est cool, c'est que j'ai ramené chez moi des épreuves non corrigées, c'est à dire des romans à paraître dans un, deux voire trois mois, pas encore fignolés niveau mise en page et stylistique. Ce qui est moins cool, c'est qu'hier, je me suis faite embêter par le vigile, qui pensait que je volais effrontément des livres du rayon. Je le déteste, de toute façon, ce vigile. Jamais un bonjour, jamais un sourire, passe son temps à traîner dans mon rayon en passant des coups de fil à ses potes. Pour tout vous dire, au départ, je pensais que c'était un psychopathe obsédé par le rayon jeunesse. Pas un badge, pas de veste distinctive, aucune attitude professionnelle (je veux bien que se poster devant une porte en bombant le torse et en croisant les bras toute la journée, c'est pas supra passionnant comme job, mais au moins, on voit tout de suite qui c'est et à quoi il sert). Ah ça, pour emmerder les employés dans le vestiaire, il est fort, mais quand les gens sonnent en sortant, ah, là, il est jamais là ! Et le pire, le pire, c'est qu'il est allé cafter à la directrice. Qui a bien évidemment contacté le responsable qui lui a dit que c'était lui qui me les avait passés mais tout de même !
Une déconvenue survenue alors même que la veille, j'avais appris par ma collègue du livre numérique qu'on avait dit du bien de moi, de mon professionnalisme et de mes sourires, en haut lieu ! Mêm s'il est vrai que j'ai plutôt déchanté quand le responsable est revenu, m'a dit que j'avais tout dérangé ses rayons de fantasy qui étaient classés, tenez-vous bien, par ordre alphabétique d'éditeurs (ça, je n'y aurais jamais pensé, j'avoue, mais d'une certaine façon, c'est vrai que ça simplifie la vie, surtout quand avant on cherchait à l'aveuglette en se disant que c'était tout rangé en vrac) et m'a montré tout plein de trucs complexes à faire que je soupçonnais à peine auparavant. Si bien que je me dis qu'il me reste bien du chemin à parcourir avant d'être moi-même libraire.
Ces derniers jours, mini-révolution, j'ai souvent fini à 17h30. Ce qui m'a permis de faire les soldes ! Youpi-youp ! J'ai acheté de petit escarpins à talons en cuir gris avec des petites lanières mimi, les mi-bas qui vont avec, une veste rose (oui, rose, je suis très rose, en ce moment) bien chaude, un foulard bleu pour les courants d'air du magasin, un pantalon beige, un pantalon noir (oui, des pantalons, comme les grandes personnes, pas des jeans) et un pull chaud bleu toujours pour les courants d'air car je suis un peu à court de pulls super chauds. L'air de rien, je suis devenue une fille. Et exceptionnellement, cette semaine, j'avais mon samedi ! J'ai donc pu retrouver mon rôle favori, celui de desperate housewife, et faire les courses. En fait, je me rends compte que moins on dort, moins on est fatigués. Je me suis faite assez difficilement à ce nouveau rythme, mais maintenant, ça va mieux. Genre quand je rentre le soir, je trouve le courage de faire d'autres choses. Bon, les deux derniers jours n'ont pas été le meilleur exemple puisque hier, je me suis couchée toute habillée à 20h30 et j'ai dormi jusqu'à 10h ce matin. A ma décharge, j'ai un rhume d'enfer (toujours les courants d'air) dont j'espère que ce premier weed-end complet me débarrassera.
Comme je le laissais entendre au début de ce message, j'ai pris pas mal de notes pour cet article lors de longues heures d'ennui à l'accueil du magasin. Eh bien finalement, non, je n'ai pas très envie de les retranscrire ici. Chais pas, juste que ça me semble plus trop actuel. Parce que je n'ai pas trop raté de ventes, ces derniers jours, et j'ai eu le temps de digérer mon dernier échec. Et puis il est vrai que l'évolution des ventes ne va pas dans le bon sens ces derniers temps à la librairie jaune à en croire les chiffres affichés dans le vestiaire mais je ne crois pas en être plus responsable que la crise, en particulier la crise de la lecture (par contre, je vous dirai volontiers que travailler dans une librairie, voir toute la journée tous ces gens de tout âge qui veulent lire, qui veulent faire lire leurs proches, leurs enfants, ça redonne foi en l'humanité : une librairie, c'est une bulle d'utopie culturelle).
En ce moment, j'ai envie d'amour. Je veux un bébé, très fort. A défaut, un petit bouledogue. J'ai déjà repéré un élevage dans le coin. Tiens, je me suis dit que je m'achèterai un petit chien quand j'aurai mon premier salaire. En espérant que ce ne soit pas dans trop longtemps. Parce que je suis dans une situation bizarre, quand même. Je réalise que je suis en train d'apprendre un vrai métier avec de multiples facettes, que je l'apprends sur le terrain, donc le plus efficacement possible, mais est-ce que je me ferai vraiment embaucher un jour et quand ? Ou n'est-ce qu'une nouvelle tentative stérile pour faire quelque chose de ma vie ? M'enfin, en attendant, va falloir que je me trouve un nouveau stage pour mars, et je vais devoir me remettre dans les lettres de motivations sous peu...