Qu'est-ce que c'est con un journaliste ! Il faut
Qu'est-ce que c'est con un journaliste ! Il faut m'expliquer à quoi ça sert, après avoir passé deux mois à dire "qu'est-ce qu'il fait chaud ! qu'est-ce qu'il fait chaud !", de passer 30 minutes sur les 35 d'un journal télé à répéter "qu'est-ce qu'il fait froid ! qu'est-ce qu'il fait froid !" HELLO, les gens, ça s'appelle l'hiver, ça revient tous les ans. Avant, j'avoue, je sais pas ce que c'était mais c'était pas l'hiver, avant, je le reconnais, c'était anormal. Mais là, sincèrement, des températures pareilles à Nowhereland, rien que de très ordinaire. Alors bon, admettons, qu'au sud de l'Olympe, ils couinent comme des souris sous la patte d'un chat quand ils voient un flocon... admettons. Quoique, je me souviens fort bien que déjà l'hiver dernier, ça avait fait toute une histoire parce que mais quelle horreur, nous la neige, on n'en a jamais vue. Qu'ils ne prétendent pas cette année ne pas savoir ce que c'est.
Nous, nowherlandais, la neige, on sait très bien ce que c'est. Et heureusement qu'on n'a pas attendu cette année pour la découvrir (genre on a fermé les yeux toutes les années précédentes), parce qu'on l'aurait eu dans les fesses. Cette année, des flocons, on en a eu quatre à tout péter. Et pas des gros ('tiens, c'est quoi ces petites merdes qui tombent du ciel ? on dirait que ça ressemble vaguement à de la neige ?"). Moi qui adore la neige, je peux vous dire que je fais la gueule. Cet hiver où la vague de neige évite soigneusement Nowhereland, ça me semble l'arnaque du siècle.
Par contre, la vague de froid, ça, en plein chez nous, c'est. Oui, peut-être l'aurez-vous compris, en fait, je vais faire mon journaliste de TO1, je vais vous casser les pieds avec "mais mon dieu qu'est-ce qu'il fait froid". Plus particulièrement avec "mais mon dieu qu'est-ce que j'ai froid". Dans la rue, pour me reconnaître, il faut savoir à quoi ressemblent mes vêtements, parce que de moi, on ne voit que les yeux, parfois le nez, quand je suis assez courageuse pour le sortir de mon écharpe. En même temps, quand on le sait, c'est facile, parce que peu de gens portent un manteau rose, une énorme écharpe violette à fleurs, un bonnet à pompon et des moufles-mitaines avec des oreilles d'oursons. Et même ainsi, j'ai l'impression de geler. Des sourcils. Il me faudrait une burqa. Je déteste le froid. Je n'aime pas tellement le chaud non plus, notez. Et je suis mal tombée, parce que Nowhereland, c'est difficile de trouver plus continental. Ce qui signifie que nous avons un été souvent très chaud et un hiver invariablement glacial.
Mais bon. Il fait froid dehors, d'accord. Mais la plupart des humains passent la plupart de leur temps à l'intérieur. Dans des pièces chauffées. Pas moi. Non, à la librairie jaune, on a préféré faire des économies et ne pas chauffer le hall d'entrée, parce qu'après tout, tout le monde sait que c'est une énorme perte d'énergie que de chauffer l'extérieur. Dommage, c'est dans le hall que se trouve mon ordinateur. Donc, toute la journée, je me pèle les miches. Ce n'est pas agréable. Pas du tout. Ce matin, mon cerveau était littéralement gelé ("Euh, est-ce que vous pouvez me rappeler ce que je suis en train de vous chercher ?"). Je me chauffais les mollets près du radiateur astucieusement posé à côté de l'ordinateur, qui a une puissance tellement faible qu'il faut s'y coller en position foetale pour en ressentir vraiment les effets (et vous avouerez que c'est pas forcément la position la plus adaptée pour accueillir les clients) (mais il y a encore mieux : le radiateur encore moins puissant collé à la porte d'entrée 10 mètres plus loin parce que "c'est de là que vient le froid"). Cet après-midi, j'ai fait des retours, ça m'a occupée, j'ai eu un peu moins froid.
J'ai croisé un type du Mordor. C'était embarrassant. "Hey, salut ! je savais pas que tu travaillais ici !" Ben oui, mais en même temps, comme on a dû échanger trois mots en deux ans, j'ai pas non plus jugé qu'il fallait te prévenir en priorité. Du coup, je lui ai donné son renseignement. Et je me suis sauvée. Genre j'avais des choses vachement importantes à faire du coté des guides touristiques. Sinon, journée normale, conseils (le minimum syndical puisque mon cerveau était congelé comme indiqué plus haut) et renseignements, trois cartons de retours, mais peu d'arrivage. Parce que quand je rangeais, le responsable jeunesse rangeait ailleurs derrière moi, alors au bout d'un moment, j'ai renoncé.
Demain, je suis en congé. Apollon est parti. Chez ses parents. Je suis seule. J'ai plein de trucs à faire (conduite -eh oui, je repasse le permis dans deux semaines-, banques, shopping...). Je le déteste.