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Petites calomnies entre amis
Petites calomnies entre amis
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27 octobre 2013

Vous vous demandez certainement pourquoi je ne

Vous vous demandez certainement pourquoi je ne poste pas plus en ce moment. La raison en est que je commence des articles que je ne finis jamais parce qu'ils ne me parlent plus. Mon humeur, mes occupations sont changeantes, et ce qui est vrai une semaine ne l'est pas forcément la semaine suivante. En conséquence, je ne poste pas.

Je crois que j'ai fait une sorte de dépression. Bon, "dépression" est peut-être un mot trop fort pour qualifier le gros passage à vide que j'ai vécu. Le fait est qu'il y a eu une période où je n'avais plus de goût pour rien, plus envie de me lever le matin, plus l'énergie de faire quoi que ce soit, cuisiner, sortir, écrire... Tout me demandait un effort surhumain. Je disais "Il faut que je dorme, je suis trop fatiguée." et "Je ne peux pas faire tout ça, je vais m'écrouler." M'écrouler. M'écrouler était ma hantise. Et je me suis écroulée. J'ai été jetée par terre par l'angoisse, je me suis reptationnée en pleurant. J'ai fait des malaises, au travail, dans les magasins, et là encore je suis tombée, je me suis assise par terre, couverte de sueur, la vision trouble, toute force m'ayant quittée.

Et je me suis relevée. J'ai pris des médicaments contre l'angoisse, j'ai repris des forces. Aujourd'hui, je suis bien loin de l'état de faiblesse dans lequel j'étais il y a un mois. Je me lève quand il faut, je vais en ville à pied, je conduis ma voiture, je prends le train. Toutes ces choses que je ne pouvais plus faire. Je ne sais pas s'il s'agissait d'un intense fatigue physique liée au bébé, d'un wedding blues, ou d'un épuisement psychologique, quelque chose de plus profond. Sans doute un peu des trois. Je crois avoir dépassé ça aujourd'hui, mais il y a encore des moments où je suis rattrapée par les craintes qui ont marqué cette période : j'hésite à prendre la voiture de peur de ne pas pouvoir la mener à bon port, je me demande si je vais pouvoir être en forme si je dors moins de dix heures, j'ai des réticences à aller voir des gens, qui pourraient me surprendre dans un état lamentable, je stresse devant une longue liste de choses à faire, je me demande si j'en aurai la force physique, et j'ai une peur panique de l'inactivité qui me semble propice au retour des crises d'angoisse. Et pourtant, le temps passe et les jours "without an accident" s'accumulent. Oui je vomis encore, parfois violemment, parfois au point de me plier en deux, oui je fais toujours des malaises à cause de la fatigue, de la chaleur... mais cela passe et je retourne à mes activités.

Ces derniers temps, j'ai été pas mal occupée.

J'ai déjà eu une foule de choses à régler. La sécu, Paul-emploie-ou-pas, les banques, les allocations... Le chômage est un vrai métier, qui s'apprend sur le tas, dans la douleur, nécessite des aptitudes particulières et une implication de tous les instants. Je suis loin d'en voir le bout.

Ensuite, j'ai tenté de me lancer à nouveau dans un forum de jeu de rôles école de magie auquel je jouais au lycée. Des anciens joueurs nostalgiques ont en effet entrepris de le refaire vivre alors qu'il était plus ou moins enterré depuis cinq ans. Ayant été une des joueuses les plus assidues au temps de sa grandeur, j'ai été contactée pour éventuellement rejouer. De nature fidèle, quand ma grosse crise a été terminée, j'ai donc refait connaissance avec mes petits élèves sorciers. Cependant, s'il faut être franc avec vous, je ne mets pas beaucoup d'espoir dans cette résurrection. Voilà déjà une semaine qui j'ai posté un message dans le sujet le plus dynamique du forum et toujours pas de réponse. En 2010, une tentative similaire avait déjà échoué. Aujourd'hui, les meilleurs joueurs d'antan sont tous entrés dans la "vraie vie". Ils ont un travail, il se marient, ils font des enfants. L'administratrice elle-même est enceinte de 7 mois et demi, et je pense que quand sa petite sera là, elle sera déjà bien occupée avec elle. Dans ces conditions, peut-on vraiment croire en un retour à l'âge d'or ? Je le souhaiterais, mais avant d'inonder le forum de mes messages, je préfère m'assurer que je n'écris pas dans le vide. Mon message-test n'ayant pas vraiment fait de petits, je crois que je vais devoir me trouver une autre activité péri-chomage.

Est-ce qu'un unique message sur un forum moribond méritait toutes ces lignes ? Je ne sais pas, en tout cas, c'était important pour moi d'en parler. J'ai cessé de jouer les petites sorcières (pas volontairement, hein, mais parce que le forum était déjà déserté massivement) à peu près au moment où le reste de ma vie a basculé. Entre 2007 et 2008. Quand j'ai abandonné un projet professionnel vieux de dix ans, quand j'ai été abandonnée par mon père, quand j'ai décidé de devenir une glandeuse de la fac de lettres et que qui vivra verra où cela me mènerait professionnellement, quand j'ai été pour la première fois au pair, quand j'ai perdu mon âme-sœur féline et quand j'ai découvert la vie de couple. La période la plus excitante mais aussi la plus dure de ma vie. C'est pour ça que j'aimerais croire au retour du forum de mon adolescence, parce qu'il me rattache à une période de ma vie dont je suis parfois nostalgique, la période où j'avais mes deux parents, ma vieille compagne féline et un avenir professionnel lumineux. Et c'est aussi pour ça qu'au fond de moi je n'y crois pas, parce qu'on ne revient pas en arrière, parce que quand nos vies ont autant changé, on ne peut pas redevenir ceux qu'on était avant. Je suis heureuse aujourd'hui : je ne souffre pas de l'absence de mon père, je peux compter sur ma mère et mes sœurs (et quand elles me racontent que mon père est soumis aux moindres désirs d'une hystérique pathologique, que mon frère est odieux et pourri gâté, qu'il tête encore sa mère à 6 ans, je suis bien contente de ne pas avoir à choisir entre cautionner par mon silence ou provoquer des conflits en donnant mon avis), j'ai perdu mon amie-chat mais j'ai gagné deux filles-chats qui me rendent vraiment heureuses, j'ai gardé mes amies humaines de cette période (et j'irai jusqu'à dire qu'elles sont restées toutes ces années les seules pour moi car je n'ai jamais réussi à nouer avec des copines de fac ou des collègues de boulot le lien étroit qui m'unit à elles) et surtout, j'ai gagné quelqu'un qui a changé ma vie, qui m'a valorisée, qui m'a aimée, qui m'a épousée et qui m'a fait un enfant. Parfois je suis nostalgique, c'est vrai, je me dis que c'était tellement mieux avant, avant de devenir brutalement adulte et de me prendre en pleine face les difficultés de la vie, mais je sais bien que c'est faux et que ma vie actuelle avec mes vieilles amies fidèles, mes relations familiales apaisées, mes deux chattes adorables, mon mari aimant et aimé et mon futur bébé vaut mille fois mieux que la précédente. Et tant pis si je n'ai pas d'avenir professionnel lumineux.

Cette parenthèse (!) fermée, je peux continuer avec la liste de tout ce qui m'a bien occupée ces derniers jours. En parlant de vieilles amies de lycée, il y a eu l'organisation de l'anniversaire surprise de l'une d'entre elles, l'une des meilleures.

Pour être absolument honnête, je crois que j'ai deux meilleures amies. Il y a ma meilleure amie officielle, celle que j'adore depuis quinze ans, que je vois peu mais toujours avec plaisir et que je traite bien parce qu'elle m'a toujours fait du bien par sa présence, jamais de mal. Et il y a l'autre, celle à qui je parle souvent mais qui régulièrement m'énerve, me saoule et que je traite plutôt mal parce qu'elle m'a fait du mal, il y a longtemps, involontairement, mais quand même. Et pourtant, s'il m'arrive quelque chose, si j'ai du croustillant à raconter, si je suis triste ou si je suis heureuse, si j'ai un soupirant, si je suis enceinte, si je me suis tapé le doigt de pied dans la porte, c'est à celle-là que j'écrirai en premier, toujours.

Bref, il y a une vingtaine de jours, le petit ami de cette amie nous a contactés moi et d'autres pour lui organiser une fête surprise. Comme il fut un temps question de faire ladite fête dans mon modeste foyer (et comme je possède la plupart des adresses mail des invités), je fus approchée tout particulièrement. Finalement, la fête ne s'est pas faite chez moi mais chez une autre amie qui a un appartement plus proche de chez eux et plus grand, néanmoins le mal était fait : j'étais impliquée. Je me suis donc mis en tête de chercher des idées pour que la surprise soit la plus réussie possible (car moi je suis comme ça, j'adore les surprises). Et d'idée en idée avec le petit ami organisateur, on en est venus à imaginer un jeu de piste dont chaque étape permettrait de trouver un invité dans la ville accueillant la fête en devinant tous les personnages de films auquel lesdits invités et elle avaient participé. Suite à quoi j'ai passé des heures sur office à rédiger des énigmes, sur internet à trouver des lieux où cacher mes petits camarades et moi-même, à élaborer des itinéraires dans une ville que je ne connaissais pas, à envoyer des mails à mes complices (le petit ami et une "autre" scénariste de films) pour leur demander leur avis et aux autres invités pour être au fait de l'emploi du temps et de la motivation de chacun. Le tout avec le stress des jours qui passaient tandis que la fête se rapprochait encore et toujours. Et je dois dire que ça a été salvateur, de me plonger à fond dans un projet qui m'enthousiasmait, de redevenir maître de ma vie et de m'improviser maître de la vie des autres puisque c'était moi qui gérais qui faisait quoi et quand. Ce n'était pas la première fois que je faisais ça : j'ai fait des films, j'ai fait des fêtes à thème, j'ai fait des murder parties, je suis en réalité spécialiste du rôle de l'organisatrice tyrannique qui envoie quinze mail par jours en surlignant les passages importants. Mais faire ça, à ce moment-là, à un moment où j'avais particulièrement besoin de me sentir vivante, ça m'a fait un bien fou !

J'ai écrit la majeure partie de ce message dans le train qui me ramenait de la fête. Vous vous demandez peut-être comment mon jeu de piste s'est passé. Moyennement pour tout dire. Deux choses principales ont posé problème :

- je ne connaissais pas la ville : j'ai considéré que le calculateur d'itinéraire voyait large pour le temps de marche nécessaire entre deux points et j'ai préféré dire aux gens de venir un peu plus tôt plutôt que de risquer qu'ils ne soient pas là à temps. Du coup, à chaque point de rendez-vous du retard a été pris sur le programme, jusqu'à devenir très important,

- les invités étaient moyennement chauds pour parcourir mon itinéraire volontairement zigzagueux et préféraient aller directement trouver la personne la plus proche pour moins avoir à marcher. Il a donc fallu changer l'ordre de trouvation au dernier moment pour satisfaire les mollets mécontents.

Au final, il y a eu une vingtaine de minutes de retard sur le planning, ce qui est loin d'être énorme dans la mesure où je prévoyais (sachant pertinemment que j'avais fait un calcul très optimiste) au moins une demi-heure et facilement trois quarts d'heure de retard. Les personnes qui devaient en faire les frais étaient ma jumelle karmique et moi puisque nous étions les dernières, mais nous avions prévu de nous tenir compagnie en attendant. Avec le changement d'ordre, la personne qui a subi trois quarts d'heure d'attente (nous avions vingt minutes de retard en tout, mais elle devait originellement être là une demi-heure avant la fin) a été quelqu'un d'autre et je m'en suis un peu sentie honteuse, j'avoue. Tout ce travail, tous ces mails péremptoires pour un demi-foirage et des invités saoulés dès le départ, ça m'a un peu déçue de moi-même.

Mais bon, je crois que ça a plutôt fait plaisir à la principale intéressée, et c'était le principal. Le reste de la soirée s'est bien passée. Étonnamment. Vous vous souvenez de ce que je vous disais au début ? Que j'avais du mal à me considérer à nouveau comme une personne normale, que j'avais peur d'être fragile et faible, de redevenir lamentable si on bouleversait d'une façon ou d'une autre le train-train de ma petite vie. Eh bien non. Ce week-end, j'ai pu être une personne tout à fait normale. J'ai fait deux heures de train, j'ai traversé toute la ville avec mes petits camarades, avec la difficulté supplémentaire que contrairement à tous les autres, je portais des talons, j'ai escaladé les six étages qui menaient à l'appartement de la fête sans m'abaisser à prendre l'ascenseur, j'ai mangé sans rechigner la nourriture qu'on m'a donnée et j'ai eu la décence de ne pas la vomir, j'ai participé aux jeux, je ne me suis pas endormie, je ne suis pas allée dormir, je ne me suis pas plainte qu'on ne se couchait pas suffisamment tôt, je suis allée me coucher avec tous les autres vers 3 heures du matin, je me suis levée avec tous les autres à 9h30 (oui oui, c'est de la triche, sans changement d'heure, c'était 10h30, j'avoue), j'ai petit-déjeuné sans vomir, j'ai déjeuné sur le pouce sans vomir et j'ai refait deux heures de train. Sans vouloir dénoncer, je me suis trouvée bien plus courageuse que beaucoup de mes petits camarades qui commençaient à montrer ostensiblement des signes de fatigue à 19h.

Si bien que parfois, j'en viens à oublier que je suis enceinte. Aux dernières nouvelles, j'avais encore perdu du poids au lieu d'en gagner. Je n'ai pas de ventre alors qu'à trois mois, je pourrais commencer à en avoir un peu. Souvent je me demande si mon bébé est toujours vivant. Parce qu'à la fois je vais mieux et à la fois je n'ai pas le moindre indice qu'il continue bien de grandir en moi. Heureusement, j'ai un premier rendez-vous avez une vraie sage-femme, conseillée par ma sœur, le 5 novembre ! Elle va pouvoir contrôler les battements du cœur du bébé, et moi, même si je ne pourrai pas le voir avant décembre, je devrais être rassurée...

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Commentaires
C
Hey hey !<br /> <br /> Encore merci pour la fête et le jeu de piste. Ca m'a vraiment emballée, surtout que je ne m'y attendais pas du tout ^^<br /> <br /> Pour moi c'était une belle réussite, et j'en ai bien profité.<br /> <br /> J'aurais juste aimé profiter un peu plus de tout le monde, mais c'est toujours difficile, même avec un comité restreint.<br /> <br /> J'ai été super contente de trouver aussi en forme :)<br /> <br /> Ca me fait tout drôle de voir ce que cette préparation a signifié pour toi, et aussi de te voir écrire sur moi… Ca me touche, une fois de plus.<br /> <br /> Alors ce n'est peut-être pas l'endroit, mais tant pis : je t'aime fort, et je te remercie encore d'être là, même loin.<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous et à bientôt !
C
eh ben, c'est un long message pour rattraper ton retard :)<br /> <br /> contente de lire que ça va mieux... mais continue à prendre soin de toi ;)
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