Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Petites calomnies entre amis
Petites calomnies entre amis
Archives
27 janvier 2014

En ce moment, je lis beaucoup. Mais surtout des

En ce moment, je lis beaucoup. Mais surtout des blogs, pas beaucoup de livres. Honte à moi. Mais parfois je tombe sur des choses intelligentes. Du moins qui me font réfléchir. Je suis par exemple tombée sur une polémique suite à un article sans prétention paru dans un magazine féminin et intitulé "37 preuves qu’il y a un homme qui habite avec moi". Que j'ai personnellement trouvé drôle. Mais qui a déclenché une vague d'indignation sur fond de "Mon Dieu, mais quel ramassis de clichés sexistes !" Je suis désolée, mais je le trouve assez pertinent. Peut-être pas extrêmement "moral", mais réaliste, du moins en partie, pour bien des couples. A bien y regarder, notre vie commune, à Apollon et moi, est remplie de clichés sexistes :

- Apollon ne cuisine que deux plats : les pâtes à la sauce tomate (en boîte) et les haricots (en conserve) avec des galettes de céréales (toutes faites). Tout le reste, c'est moi qui gère (bon, j'exagère, il maîtrise aussi la pizza sous cellophane et le gratin dauphinois congelé). Comme parfois souvent j'ai la flemme, les pâtes et les haricots verts sont la base de notre alimentation.

- Je ne bricole pas. Dès qu'il y a un meuble à monter (oui, à notre époque, les meubles ça s'achète en kit, et ça se monte), c'est Apollon qui s'en charge. De même, je ne répare pas les trucs. Si quelque chose est cassé, je demande à Apollon de regarder. Souvent il ne sait pas mieux que moi, alors parfois ça reste cassé.

- Apollon se prépare en vingt minutes le matin, douche et habillage compris. Il n'est pas rare que je mette plus d'une heure à me laver, me shampooiner, me sécher, me mettre de la crème, du déodorant, choisir mes vêtements, m'habiller, me coiffer... et que finalement j'enlève mes vêtements, je détache mes cheveux, et que je recommence. Si on doit sortir, Apollon est prêt en cinq minutes. Moi il m'en faut vingt, le temps de décider quelles boucles d'oreilles je mets, si je reste coiffée comme ça, si mes vêtements me vont toujours, si mon bonnet et mon écharpe s'adaptent à mon look du jour, si j'ai bien fait pipi ou si ma vessie est encore un tout petit peu sensible...

- Je manage notre vie sociale. Je prévois les sorties, j'organise les soirées. Apollon râle parce qu'il ne veut pas voir du monde, qu'il préfèrerait rester tranquille devant la télé.

- Apollon gagne de l'argent en travaillant, moi je suis femme au foyer. Je gère le budget du couple (constitué, on est d'accord, à 80% de l'argent d'Apollon). Je m'assure qu'on est bien en règle avec tout le monde, que le loyer, les impôts, les factures sont payés. Par contre, s'il y a un problème, c'est Apollon qui appelle les différents organismes.

- Pendant que mon mari travaille, je m'occupe des vaisselles et des lessives. Je fais un peu de ménage, aussi, ça me prend en moyenne une heure tous les deux jours. Apollon en fait une demi-heure le week-end. Bon, pour être honnête, plutôt un week-end sur deux.

- Apollon ne jette jamais le rouleau de papier toilette, je ne sors jamais la poubelle.

- Je dépense principalement mon "argent de poche" (l'argent que j'ai de côté qui ne sert ni à manger, ni à payer les factures, ni à régler le loyer) en vêtements. Apollon dépense principalement le sien en livres, DVD et jeux vidéos.

J'en oublie probablement, ce n'est sûrement que la partie émergée de notre sexisme ordinaire. Et pourtant, nous ne sommes pas, je crois, des caricatures. Je ne me maquille pratiquement jamais, je me coiffe de façon approximative, je m'épile tous les 36 du mois. Apollon n'aime pas le sport, pas vraiment les voitures, il n'a même pas le permis. Je suis par moment d'une vulgarité sans nom, Apollon aime la littérature. J'ai un bac + 5, Apollon fait régulièrement une partie de la cuisine et du ménage. D'ailleurs, je n'aime pas tellement cuisiner, et Apollon n'aime pas tellement bricoler. Pourquoi on fonctionne comme ça, alors ?

Parce que c'est plus simple. Parce qu'à choisir entre la peste et le choléra, je préfère faire une ratatouille et Apollon préfère monter une étagère, je préfère faire la vaisselle et Apollon préfère réparer le tuyau de douche. C'est aussi une question de goût : j'aime ne pas avoir trop l'air d'un sac quand je sors, Apollon préfère investir dans les loisirs culturels plutôt que dans son apparence. Oui, on a sans doute été honteusement influencés par notre entourage quand on était petits pour aimer les jolies robes ou les jeux vidéos selon notre sexe. Mais parfois, c'est aussi naturel. C'est normal qu'Apollon, qui est plus fort que moi du fait de sa masculinité, sorte la poubelle. Et jusqu'à preuve du contraire, les hommes ne peuvent pas porter les enfants, alors il est plus logique (pour le coup "normal" ne me semble pas approprié) que ce soit moi qui sois obligée d'arrêter de travailler parce que j'en chie, et normal (cette fois-ci) que parce que je passe une bonne partie de mon temps à la maison, j'en gère principalement les affaires. Ca ne veut pas dire que je ne serais pas capable de changer le tuyau de douche ou de sortir la poubelle si j'étais célibataire ou que, s'il était seul, Apollon ne mangerait que des pâtes et des haricots (non, il ne mangerait que des pâtes, il ne se ferait pas chier à faire des haricots) et qu'il croulerait sous une montagne de rouleaux de papier wc. C'est juste qu'on est deux et que du coup on se répartit les tâches.

Le monde est tel qu'il est. Je suis d'accord, il y a des choses qu'il faut changer. Quand ça nous semble important, il faut nous battre pour. Quand ça nous semble accessoire (non, dans notre couple, il n'y a pas un dominant et une dominée, il y a deux personnes de valeur égale mais de personnalités différentes, qui se comportent, en partie, il est vrai, conformément aux clichés de leur sexe), est-ce que ça vaut vraiment le coup de se compliquer la vie, de s'indigner sans cesse et d'agresser les gens ? J'irais même jusqu'à dire que ça permet de se sentir bien, de se conformer de temps à autre à quelques clichés, de se sentir membre d'un grand groupe comme les filles, les littéraires, les hippies ou les futures mamans (je suis tellement heureuse que zhom et moi on ait mis en route BB1).

Pour autant, je trouve ça très bien vu. Entre ne pas s'indigner que certains se conforment en partie aux stérérotypes de genre et s'indigner parce que certains refusent de s'y conformer, il y a quand même une limite à ne pas dépasser... Respectons les choix de chacun : les filles qui s'épilent le maillot en ticket de métro et s'habillent tout en rose, et celles qui aiment leurs poils et préfèrent les joggings aux mini-jupes. Sachant que la plupart des femmes font tout simplement ce qui leur plaît, sans se demander si ça offusque la féminité ou le féminisme.

Publicité
Commentaires
H
Artémis et moi on a été élevées pas tellement "gender neutral", nos parents n'ont jamais fait "attention" à ce qu'ils nous offraient, pour que ce ne soit pas trop rose et fleuri, etc... Après plusieurs étapes de recherche de soi -que CHACUN fait, bobos parisiens comme drogués des bas-fonds-, on est finalement devenues à peu près exactement ce que nous voulions. <br /> <br /> Je trouve que la recherche de vouloir supprimer absolument les genres, c'est justement y accorder une très grande importance... Ton bébé fille de 3 mois se fiche que tati Huguette lui ait offert un bavoir violet pailleté. De même qu'il se fichera que tu lui mettes autour du cou un bavoir vert avec un arbre, plus neutre. La seule personne qui y accorde de l'importance, c'est toi. Et malheureusement quand elle aura plus que 3 mois, tu ne pourras pas la confiner dans un environnement neutre : elle va aller à la crèche, elle va rencontrer des petites filles, elles vont jouer à la poupée. D'elle-même ou parce que la puéricultrice l'aura placée dans ce groupe-là, mais tu n'y pourras rien. A 6 ans peut être qu'elle te demandera une Barbie à Noël. Et peut être qu'à 10 ans elle préfèrera se rouler dans la boue et donner des coups de poing aux garçons... Ce n'est pas la couleur des choses que tu donnes à ta fille qui déterminent ce qu'elle est, c'est ce qu'elle est au fond, de par ses gènes et ce que tu lui as inculqué, qui lui permettront de devenir la personne qu'elle veut être. Et je ne pense pas qu'Artémis apprendra à sa fille qu'il faut être une bonne cuisinière et obéir aux hommes, je pense qu'elle lui apprendra l'importance d'être indépendante et de penser comme elle le veut et pas comme les autres voudraient qu'elle pense. Je pense par contre qu'Artémis lui achètera un mobile avec des fées, des accessoires rose, et lui fera des couettes. Et je pense que bébé trouvera ça merveilleux, de la même façon qu'elle adorera le mobile oiseaux, les accessoires jaunes et avoir les cheveux détachés.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne dis pas que ce n'est pas bien l'une et bien l'autre. Je dis que je comprends Artémis, que je ferai probablement pareil, et surtout que je pense que ça n'impactera en rien le développement futur de son enfant concernant sa place de fille dans le monde, qui sera, à mon avis, exactement pareil que celui de ton enfant Callisto. Voilà :).
C
Coucou !<br /> <br /> J'ai bien lu ton post, j'ai même lu les articles joints.<br /> <br /> Je suis un peu partagée.<br /> <br /> Partagée parce que l'article incriminé, bon, il est vraiment inutile en soi, mais pas méchant, et assez chou en un sens.<br /> <br /> Partagée parce que l'article de réponse est agressif et assez peu constructif, et c'est ce genre de comportement qui m'a fait fuir le féminisme pendant longtemps.<br /> <br /> Aujourd'hui je sais que je suis féministe, dans une mesure qui me semble - à moi - raisonnable.<br /> <br /> C'est pour ça que le genre d'article "les différences H/F", me font un peu grincer des dents (comme les innombrables sketches de humoristes français, même si j'avoue que des fois ça me fait rire).<br /> <br /> Déjà parce que je ne m'y reconnais pas trop. Si on prend ce que tu as décrit de ta vie à toi, je dirais qu'on fonctionne chez nous à 70% en opposition. Ca ne signifie pas que notre fonctionnement est mieux, plus équilibré, ou que sais-je. Et surtout je trouve que ta conclusion rétablie assez bien les choses : le plus important reste de faire ce qu'on a envie de faire. Vous avez trouvé votre équilibre, et c'est l'essentiel.<br /> <br /> Après, j'aurais tendance à dire "nos envies sont dictées par la société, par la façon dont on a été élevé, on est forcément biaisé" (non y a pas de faute de frappe :p). Mais j'ajouterais aussitôt "certes, mais on peut pas vivre dans une grotte non plus".<br /> <br /> Alors que faire pour que ça change ? Pas pour inverser la tendance et faire en sorte que toutes les filles aillent à la chasse pendant que les hommes cuisinent, hein ! <br /> <br /> Non faire en sorte que chacun, comme tu l'as si bien dit, fasse ce qu'il veut vraiment, sans culpabiliser de ne pas être dans la "norme", et sans commentaires du genre "oh tu fais du foot, c'est original pour une fille !"<br /> <br /> Eh bien il faut éduquer nos enfants.<br /> <br /> Eros m'a récemment transmis cet article (http://everydayfeminism.com/2013/11/gnp-avoid-implicit-sexism/) et je l'ai lu, et j'hésite à m'acheter le bouquin. Bon, je vais quand même aller faire un tour sur le site de l'auteur avant (http://parentinggently.com) pour être sûre d'être en accord sur le principe ;)<br /> <br /> Ce n'est pas un concept nouveau pour moi, j'y ai même déjà pas mal réfléchi. J'ai constaté que mes parents par exemple avaient été assez "gender-neutral" en nous éduquant, même s'ils n'ont sûrement pas trop fait exprès. Faudrait que je leur demande.<br /> <br /> Alors quand on se verra le week-end prochain, et à la naissance de "BB1", et à toutes les occasions où je pourrai la couvrir de cadeaux, ne t'attends pas de ma part à des trucs roses et girly. Je redoute déjà que les autres invitées succombent aux sirènes de la genderisation des bébés, et je ne voudrais pas être le grosse relou qui gâche la fête en critiquant tout le monde (du coup je te dis par avance que ça peut me mettre mal à l'aise, comme ça on le sait, pas besoin d'en faire une pendule le jour J).<br /> <br /> C'est aussi pour ça que je fais partie des gens qui ne veulent pas savoir le sexe de leur enfant avant la naissance (comme une autre personne dont on a parlé il y a peu mais que je ne nommerai pas ici :p).<br /> <br /> Bref, ce long commentaire pour quoi ?<br /> <br /> Déjà te dire que je respecte ton choix de vivre un peu dans ces clichés si tu t'y sens bien, te dire que si tu veux faire de ton enfant une "fille" un peu comme on l'entend par le prisme de ces clichés c'est ton choix. T'alerter un peu sur le fait que peut-être, au bout du compte, ce ne sera pas le sien. Te rassurer sur le fait que si c'est le cas, ce n'est pas grave, et ça ne fera pas de toi un mauvais parent pour autant.<br /> <br /> Te dire enfin, qu'en tant que personne gravitant potentiellement autour de cette petite - de près ou de loin - j'essaierai au maximum de ne pas m'immiscer dans ta manière de faire, mais que quand il faudra la gâter (un peu, pas trop, mais c'est un autre sujet :p), je serai un peu la tarie-relou qui offre des truc de genre neutre ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Je t'embrasse bien fort, et bravo si tu as eu le courage de tout lire :)
Petites calomnies entre amis
Publicité
Newsletter
Publicité